Je suis le carnet de Dora Maar – Brigitte Benkemoun

A l’origine de « Je suis le carnet de Dora Maar », il y a un achat : le conjoint de Brigitte Benkemoun achète un étui d’agenda Hermès vintage. A l’intérieur subsiste un un carnet d’adresses de 1951. Brigitte Benkemoun est stupéfaite de lire les noms qui y sont inscrits : Nicolas de Staël, Picasso, Marie-Laure de Noailles … à qui donc appartient ce carnet ? (Spoiler: la réponse est dans le titre)

La sérendipité et l’enquête avaient tout pour me plaire. Le parti pris de Brigitte Benkemoun est de nous raconter Dora Maar via le prisme de ses relations avec les personnes listées dans le carnet et de tracer un portrait d’elle à 360 degrés.

Pourtant, je n’ai pas trouvé cette lecture aussi plaisante que je l’aurais souhaité. Peut-être parce que cette succession de personnes donne un rythme assez saccadé au récit. Peut-être aussi parce que Dora Maar semble tout sauf sympathique et qu’il est difficile de s’attacher à elle. L’autrice elle-même semble assez défiante vis-à-vis de son sujet, même si elle tempère ses propos et souligne la force de caractère de Dora Maar et ses multiples facettes.

Il faut dire que le livre met de côté Dora Maar l’artiste, son talent, son œuvre – de photographe et de peintre- pour se focaliser sur sa vie personnelle, fortement marquée par sa liaison avec Picasso qui, comme on le sait, était un homme toxique qui tenait les femmes de sa vie sous emprise. Pour autant, Dora Maar, même avant sa rencontre avec Picasso, semble être une femme intense, sombre. Dans les relations que décrit Brigitte Benkemoun, il y a peu d’humour, de tendresse, de chaleur, de sympathie, d’amour. On y voit une femme qui surmonte une forte dépression, qui a vécu des drames, certes, mais aussi une antisémite qui garde « Mein Kampf » dans sa bibliothèque, une homophobe, une mystique qui se réfugie dans la foi chrétienne et dans la solitude.

Il m’a vraiment manqué la facette artistique de Dora Maar pour m’accrocher à quelque chose de positif. Reste le portrait d’une femme amère, d’une « femme qui pleure » comme la qualifiait abusivement Picasso, que l’on n’a pas vraiment envie de rencontrer ou fréquenter.

Publié en 2019 chez Stock, disponible au Livre de Poche, 336 pages.

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