Après Casablanca et Marrakech, Melvina Mestre met désormais Tanger à l’honneur dans ce troisième tome des enquêtes de Gabrielle Kaplan, détective privée originaire de Salonique qui s’est réfugiée au Maroc en 1941 et y a finalement fait sa vie.

Nous sommes en 1952, et Gabrielle est recrutée par le SDECE, l’ancêtre de la DGSE : l’un de leurs agents, infiltré à Tanger en tant qu’assureur, a brusquement disparu. Gabrielle doit se faire passer pour sa femme et découvrir ce qui lui est arrivé. Ne pouvant refuser vu la « récompense » qui lui est proposée, très importante pour sa famille, elle se retrouve dans cette ville portuaire très particulière : située géographiquement au Maroc, Tanger est à cette époque une zone internationale, à la réputation sulfureuse. Durant cette opération, Gabrielle va fréquenter d’anciens collabos et résistants, des mafieux corses, des trafiquants en tout genre et de toutes nationalités … 

J’ai adoré l’ambiance qui règne dans ce livre. La ville de Tanger est éminemment romanesque et on y croise la grande Histoire avec des personnages (louches forcément) ayant réellement existé comme Manouche, dont Gabrielle doit se rapprocher, tenancière de bar qui fréquente les mafieux et les collabos, les hommes du Milieu corso-marseillais comme Mémé Guerini, ou Jo Renucci, des mafieux Italo-américains en cavale … un monde interlope où l’on ne sait jamais qui sont vraiment ceux qui nous entourent, en pleine période de la French Connection.

Le contexte est vraiment très riche, et j’ai retrouvé avec plaisir des références croisées dans Bleus Blancs Rouges de Benjamin Dierstein qui se déroule pourtant 25 ans plus tard.