J’ai eu envie de lire « Joseph » après avoir vu son auteur, Marie-Hélène Lafon lors d’une excellente émission de La Grande Librairie – où il y avait, une fois n’est pas coutume, une majorité de femmes sur le plateau.
.
C’est un roman court, où l’on découvre la vie de Joseph, ouvrier agricole dans le Cantal. Il n’y a ni suspense, ni rebondissements, c’est la vie simple d’un homme simple, qui a eu son lot de malheurs – une déception amoureuse, une longue période d’alcoolisme – mais ne se plaint pas. C’est un homme d’un monde qui est enclin à disparaître, il est l’un des derniers ouvriers agricoles à la ronde. Sa vie tourne autour de son travail, son amour des bêtes, sa cohabitation respectueuse avec ses patrons.
.
Joseph parle peu, mais il observe beaucoup, a de la mémoire, ressent les caractères, devine les relations. On découvre son enfance, avec ses parents, son statut de jumeau dominé par son frère, qui, lui, choisira de quitter la campagne pour la grande ville.
Etant moi-même à moitié auvergnate, j’ai ressenti beaucoup de bonheur à trouver dans ce récit un parler, des expressions (« fréquenter et faire maison »), des mots du patois (« le pétarou » pour la mobylette) de cette région.
C’est un très beau roman, un roman de tout et de rien, qui m’a beaucoup touchée. L’écriture est belle, pudique, et je me suis attachée à Joseph, à son calme, à son attitude en retrait mais jamais indifférente, à son histoire. A la fin du roman, j’avais l’impression que je le connaissais.
C’est une très belle surprise, et un roman qui touche et qui marque durablement.
.
22ème contribution au challenge 1% rentrée littéraire 2014 organisé par Hérisson.
.
Un très beau roman, oui !!!!
Entièrement d accord avec toi 🙂
Ce type de roman chez les petites gens où il ne se passe pas grand chose me parle toujours. Je serais sans doute autant touché que toi !
J espère que tu le liras !
La finesse et la sensibilité de M-H Lafon sont étonnantes…Elle perçoit tout : les couleurs, la lumière, les bruissements de la nature, les odeurs surtout… et bien sûr, la richesse intérieure de ces êtres discrets, oubliés, que d'aucuns croiraient frustes…
Le livre qui a changé la vie (cf un extrait de la Grande Librairie ) de Marie-Hélène Lafon est…Vies Minuscules, de Pierre Michon, et 3 ans après cette lecture, elle a commencé à écrire…
@ Anonyme: et dire que je n'ai toujours pas lu Vies Minuscules!!
Je m’étonne que les critiques évoquent assez peu l’ amour de Marie-Hélène Lafon pour Gustave Flaubert .
Elle lui rend , dans ce roman, un hommage qui m’a réjouie : tout au long du récit, elle sème des petits cailloux qui nous conduisent vers UN COEUR SIMPLE, de Flaubert , dont elle reprend des noms, des prénoms, et même des gestes de l’ héroïne, la servante Félicité ( peut-être le personnage de la littérature qui me touche le plus. )
La parenté entre Joseph et Félicité est évidente, et soulignée par l’auteur qui s’est amusée à faire ces petits clins d’oeil.
Bref,il faut lire JOSEPH, mais aussi UN COEUR SIMPLE !
peut-être que les critiques ne connaissent pas Flaubert autant que vous 🙂
Mais effectivement, Marie-Hélène Lafon fait souvent référence à Flaubert dans ses interviews
Bon, ok, je relirai Un coeur simple 🙂