Les mots qu’on ne me dit pas – Véronique Poulain

 

Cela faisait longtemps que je n’avais pas eu autant de fous rires en lisant un livre… Suscitant forcément les questions de mon entourage : « Tu lis quoi pour rire autant? » – « Un livre sur une fille entendante qui a deux parents sourds »… Étonnement de l’entourage qui se demande si je suis le genre de personne qui se moque des handicapés…

C’est qu’il y a beaucoup de passages très drôles dans ce récit autobiographique de Véronique Poulain, qui nous dévoile de l’intérieur la vie au quotidien dans une famille où les parents sont sourds, mais pas la fille unique. Alors il y a des manqués dans la relation, entre une fille qui a une envie folle de parler, et des parents dont la langue est rudimentaire: « Dans la langue de mes parents, il n’y a pas de métaphores, pas d’articles, pas de conjugaisons, peu d’adverbes, pas de proverbes, maximes, dictons. Pas de jeux de mots. Pas d’implicite. Pas de sous-entendus. Déjà qu’ils n’entendent pas, comment voulez-vous qu’ils sous-entendent ? ». Ce sont les contraintes d’une communication où les deux interlocuteurs doivent être face à face, avec les deux mains disponibles: quand on parle la langue des signes, on ne peut rien faire d’autre en même temps, on ne peut pas non plus héler une personne, ou crier d’une pièce à l’autre. Il y a aussi le regard des autres, et parfois leur non-coopération, ainsi que tous les petits tracas liés au fait que les sourds ne se rendent pas compte du bruit qu’ils font et Véronique « oscille entre fierté, honte et colère. À longueur de temps ». 

Mais que de fous rires à la lecture du récit! Véronique Poulain est dotée d’un solide sens de l’humour, et entre anecdotes cocasses -les Sourds, qui parlent avec leur corps, ont un rapport très naturel avec la sexualité – et tendances à s’engouffrer, avec ses cousins, eux aussi vivant la même situation, dans la moindre brèche permise par le handicap des parents,  de nombreux passages du livre sont extrêmement comiques.
Les parents de Véronique, qui ont maintenant autour de 75 ans, n’ont connu que tardivement l’aide des nouvelles technologies (sms, chat sur Internet…) pour communiquer, ainsi que le développement de la langue des signes et de la scolarité pour les sourds.  Le père de Véronique s’est donc trouvé désarmé face à une fille qui n’avait pas besoin de lui, qu’il ne pouvait pas guider, conseiller, à l’école comme dans la vie, et aurait donc préféré avoir un enfant sourd.

C’est un court récit à la fois instructif sur la vie des sourds et rempli d’humour et de tendresse, dont je suis ressortie avec le sourire. Une très jolie découverte.

Laure n’a, quant à elle, pas aimé ce livre.

23ème contribution au Challenge 1% rentrée littéraire de Hérisson, le 4ème % est bientôt complété!

 

challenge 1% 2014

10 commentaires sur “Les mots qu’on ne me dit pas – Véronique Poulain

  1. Ton avis me tentait bien et puis 'avis de Laure a fait une douche froide juste derrière… Je pense que j'attendrai que l'occasion se présente à la médiathèque par exemple pour le tenter 😉

  2. Ce livre est un bi-jou ! Quel plaisir ! J'aurais envie de l'offrir autour de moi, tellement il est tendre et joyeux. J'ai ri !!! Oh, mes fous-rires à 2 H du matin ! … parce qu'évidemment j'ai été incapable de dormir avant de l'avoir terminé ! MERCI, vraiment, de m 'avoir conseillé une lecture aussi jouissive !

  3. Livre très sympathique et honnête, dans lequel on voit la protagoniste souvent en proie à l'exaspération,surtout quand elle est adolescente !
    Mais c'est la tendresse qui l'emporte… Quelques passages hilarants !

  4. @ Anonyme : cher Anonyme bis, allez-vous enfin vous mettre à Internet pour suivre mon blog? 🙂 en tout cas je suis très heureuse que vous ayez partagé mon enthousiasme pour ce livre!

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