Jeanette, abandonnée à l’âge de six semaines, est adoptée par « Mme Winterson »-comme l’auteur nomme sa mère- une fanatique religieuse obnubilée par l’apocalypse qui la rejette lorsqu’elle révèle son homosexualité. A l’âge de quinze ans, Jeanette se retrouve à vivre dans une voiture jusqu’à ce qu’une professeur l’héberge et l’aide à préparer l’entrée à l’université d’Oxford.
Toute sa vie, Jeanette se battra contre les obstacles liés à trois conditions: celles d’être une femme, d’être issue de la classe ouvrière, et d’être lesbienne. Mais elle devra également dépasser son abandon et le fait d’avoir grandi dans un foyer sans amour pour réussir à aimer et à accepter d’être aimée.
Le résumé peut sembler sombre, mais j’ai trouvé au contraire qu’il y avait beaucoup d’espoir, d’apaisement et de pardon dans ce récit passionnant. Malgré une éducation qui aurait pu la détruire, Jeanette s’est prise en main, a assumé son homosexualité, a découvert la littérature à la bibliothèque municipale en lisant les ouvrages par nom d’auteurs de A à Z, a réussi à entrer à Oxford à la force du poignet, n’hésitant pas à parcourir neuf heures dans une voiture bringuebalante pour défendre son admission, couverte de cambouis, lors de l’oral d’entrée.
Il y a également de très belles pages sur sa rencontre avec Susie, qui lui fera ouvrir son coeur, et l’épaulera dans ses recherches pour retrouver sa mère biologique.
Je n’ai pas non plus senti de jugement à l’égard de Mme Winterson, sur laquelle elle est lucide mais qui est « son montre à elle » – Jeanette ne tolère pas que d’autres puissent la critiquer. Et quelle mère…si Mme Winterson avait été seulement un personnage de roman, et pas une personne ayant réellement existé, elle en aurait presque été truculente, avec ses expressions toutes faites à consonnence religieuse (« Elle est un péché contre le ciel, un péché contre les morts et contre la nature » répondait-elle quand on lui demandait des nouvelles de Jeanette), les citations bibliques accrochées dans les toilettes, et ses comportements aussi décalés que puérils, comme lorsque Jeanette lui rend visite avec sa meilleure amie d’Oxford.
L’histoire de Jeanette est extrêmement intéressante du point de vue personnel comme par ses analyses pertinentes sur ce qui l’entoure, que ce soit sur le thatcherisme ou sur le lien entre le niveau de langage de la Bible et le vocabulaire des classes populaires. Une belle histoire de lutte, de résilience, d’amour et de littérature.
Et 2/28 pour le Challenge « L’Union Européenne en 28 livres », catégorie: Royaume-Uni.
Alors c'est une grande différence avec Les oranges ne sont pas les seuls fruits car là, elle juge sa mère.
Les deux livres ont été publiés à 17 ans d intervalle et entre temps la mère est morte, donc il doit y avoir un changement de point de vue avec les années en plus, la maturité, l apaisement au niveau sentimental… J ai aimé que l auteur dise qu elle ne regrettait pas son enfance car elle était contente de l adulte qu elle était devenue.
Je l'avais acheté au moment de sa sortie en grand format et puis je l'ai offert sans l'avoir lu. Pas sûr que ce thème me convienne en fait.
Dommage…et tant mieux pour la personne qui l a reçu en cadeau 🙂
Ca ne me donne pas envie … et puis, je n'aime pas la couverture 😉
dommage, il est vraiment bien! qu'as-tu contre la petite Jeanette avec son ballon??;-)
il s’agit d’un livre très fort qui touche le cœur et l’esprit!
je suis bien d'accord!
Bonjour Eva, très émouvant récit sans concession qui ne tombe pas dans le larmoyant inutile. A conseiller. Bonne après-midi.
tout à fait d'accord!
C'est drôle, j'en garde vraiment un souvenir extrêmement sombre de ce livre, comme l'histoire d'une très grande solitude….
j'ai surtout retenu l'espoir de sa relation avec Susie, qui la "débloque" au niveau sentimental, la main tendue de sa prof qui l'héberge, et le fait que quand elle fait le bilan de sa vie, elle se dit que malgré tout elle aime l'adulte qu'elle est devenue, et ne se voit pas être autrement.
Un coup de coeur absolu pour moi (un des tous premiers billets sur mon blog!)
il faut également que je lise Oranges are not the only fruit…