« Epépé » de Ferenc Karinthy est un roman hongrois dont je n’avais jamais entendu parler, mais que j’ai lu pour notre podcast littéraire Bibliomaniacs de Décembre 2017 (que vous pouvez retrouver ici).
Budaï, éminent linguiste hongrois, se rend à Helsinki pour un congrès. Mais quand le bus pris à l’aéroport le dépose à l’hôtel, il s’aperçoit qu’il n’est pas en Finlande, mais dans un pays inconnu dont il ne reconnait même pas la langue…N’arrivant pas à se faire comprendre et à rentrer à l’aéroport, il n’a donc pas d’autre choix que de s’installer dans l’hôtel et de vivre dans ce pays – grâce à ses travellers chèques qu’il a pu échanger dans la monnaie locale – jusqu’à ce qu’il puisse trouver un moyen de partir en Finlande ou de retourner chez lui.
Budaï est complètement perdu : le fonctionnement de la société ne semble pas si différent de celui de n’importe quel pays d’Europe, mais il ne maîtrise pas les codes et se retrouve perpétuellement en décalage. La langue est le plus grand problème : personne ne le comprend et il ne comprend personne. Seule la liftière de l’ascenseur semble vouloir faire un effort pour tenter de communiquer avec lui. Pourtant il ne ménage pas sa peine : il parcourt toute la ville à la recherche d’un moyen de rentrer chez lui, et il met même en place des stratagèmes qui pourraient lui permettre d’être pris en charge par les autorités. Il se sert également de ses compétences de linguiste pour tenter de comprendre comment fonctionne la langue du pays, mais toutes ses initiatives semblent être vaines…
« Epépé » est un véritable OVNI, à l’ambiance kafkaïenne. Budaï est comme un rat dans un labyrinthe, il essaie par tous les moyens de trouver une sortie, mais il se prend le mur à chaque tentative. Il évolue dans une ville grisâtre, sans charme, où les habitants, qui sont de toutes les ethnies possibles et imaginables, semblent faire la queue en permanence et avoir un comportement ou indifférent ou agressif. On suit ainsi les aventures tragi-comiques du linguiste hongrois, qui est confronté à la pire des situations : l’impossibilité de communiquer. J’ai trouvé le postulat de ce roman absolument passionnant, et j’ai été complètement ferrée par ce récit et le suspense qui l’anime : Budaï arrivera-t-il à trouver un moyen de se faire comprendre? parviendra-t-il à rentrer chez lui?
Le roman compte néanmoins 280 pages et le récit aurait, à mon avis, gagné en intensité s’il avait été plus court. En effet, au bout de 200 pages, j’ai trouvé que l’histoire commençait à tourner en rond et l’auteur m’a perdue momentanément en route avec une scène que j’ai trouvée inutilement agitée et trop longue. Heureusement – et sans la dévoiler – j’ai apprécié la fin du roman, et j’ai donc terminé le livre avec un avis positif. En effet, il n’était pas facile de clôturer une telle histoire, et j’ai trouvé que l’auteur s’en était très bien tiré.
« Epépé » de Ferenc Karinthy est un roman vraiment original, basé sur une idée finalement très simple. Au delà du récit en lui-même, il est intéressant de se demander quel message l’auteur voulait faire passer. Est-ce un roman fantastique? Est-ce un cauchemar ? Est-ce une métaphore de la maladie, Alzheimer par exemple? Ou, le roman ayant été publié par un Hongrois en 1970, en pleine Guerre Froide, est-ce une métaphore du communisme, le côté grisâtre, rigide et uniforme pouvant faire penser à l’ex-URSS? Ce livre n’est pas exempt de défauts, mais il a le mérite de sortir de l’ordinaire et d’être marquant. Une véritable curiosité!
Publié en 1970, traduit par Judith et Pierre Karenthy, disponible en poche chez Zulma.
J’avais beaucoup aimé ce roman conseillé par une super libraire à Compiègne. Décidément, dans cette famille, l’écriture est assez absurde. J’avais en effet adoré Voyage autour de mon crâne de son père, Frigyes Karinthy.
c’est sur wikipédia que j’ai vu que l’auteur avait un père également écrivain…mais oui,c’est une affaire de famille puisque les traducteurs d’Epépé sont le fils et la belle-fille de Ferenc Karinthy!
Je me retrouve complètement dans ton avis, sachant que ces longueurs que tu évoques, et la fin, que j’avais trouvé incohérente, ont davantage gâché mon plaisir que le tien… il faut dire que j’attendais beaucoup de ce roman, à propos duquel je n’avais lu que des avis dithyrambiques…
je ne connaissais pas du tout ce roman quand je l’ai ouvert, je n’en avais pas entendu parler, et je n’avais donc aucun a priori , négatif ou positif…comme je n’en attendais rien, j’ai été vraiment agréablement surprise et les longueurs ne m’ont pas gâché mon plaisir…
En tout cas c’est un roman qu’il faut avoir lu dans sa vie, pour une expérience incroyable!
je ne m’y serais pas intéressée sans Bibliomaniacs, et je suis ravie de l’avoir lu, c’est un livre que je n’oublierai pas de sitôt
Je l’avais vu sur quelques blogs, il me tentait bien.
ah oui, à lire, c’est vraiment une lecture qui sort de l’ordinaire!
Jamais entendu parler, il me fait penser au film avec Tom Hanks sur ce type qui se retrouve apatride. En te lisant et en sachant qu’il l’a écrit en plein URSS en 1970, je pense que ta proposition est la bonne. Ce livre, j’avoue, me fait un peu peur ! et apparemment c’est une histoire de famille…
oui j’ai aussi pensé à Tom Hanks en lisant ce livre! mais non, ce n’est pas un livre qui fait peur, il est quand même très accessible, et se lit vite et facilement
Un roman qui a vraiment l’air déconcertant. Pourquoi pas mais il me faudrait être dans des conditions idéales pour le lire et ce n’est pas du tout le cas en ce moment.
il est déroutant, mais il reste très accessible, il ne nécessite pas d’être ultra-concentré