Dernière lecture commune avec Hélène Lecturissime dans le cadre de notre participation au Jury du Prix Psychologies du Roman Inspirant : deux courts récits de Jean François Billeter : « Une rencontre à Pékin » et « Une autre Aurélia ».
L’écrivain suisse a consacré ces deux livres à son épouse Wen : le premier raconte leur rencontre en 1964 à Pékin, et le second évoque, sous la forme d’un journal, les jours sans elle après son décès. Disons-le franchement, même si « Une autre Aurélia » est très bien écrit, je sature de ce genre d’écrit (j’ai aussi lu récemment « Les bouées jaunes » de Serge Toubiana dont je vous parlerai bientôt sur le blog). En revanche, j’ai trouvé très intéressant « Une rencontre à Pékin ».
Jean François Billeter se rend en Chine en 1964 un peu par hasard. Il a commencé à apprendre le Chinois et sous l’influence d’un professeur lui conseillant de se rendre dans le pays pour parfaire son apprentissage, il obtient une bourse pour aller étudier à l’université de Pékin. Il faut se remettre dans le contexte de l’époque : nous sommes en pleine guerre froide, la Chine est un pays lointain et peu ouvert vers l’extérieur, et si la Révolution Culturelle n’a pas encore eu lieu, c’est déjà une dictature communiste. Se rendre en Chine est une véritable épopée, il faut prendre le Transsibérien pendant une dizaine de jours…
Pékin est une sorte de grand village, bien loin de la mégalopole actuelle. Il y a très peu d’étrangers en Chine, et les Chinois – sauf quelques-uns possédant une autorisation spéciale – n’ont pas le droit de les fréquenter. C’est en rendant visite à une compatriote suisse d’un certain âge, ayant été mariée à un Chinois, que Jean François Billeter rencontre Wen, une jeune femme, médecin, qui n’a pas le droit d’interagir avec des étrangers. L’auteur nous raconte le début d’une histoire d’amour qui serait banale dans un autre pays, ou à une autre époque. Mais en Chine dans les années 60, Wen risque d’être dénoncée, arrêtée, déportée pour fréquenter un jeune Suisse. Le jeune couple va donc devoir se cacher et ruser pour pouvoir se rencontrer, puis se marier.
Le livre se focalise vraiment sur leur rencontre et sur les deux ans qu’ils vont passer en Chine avant de pouvoir se marier – une union qui durera quarante-huit ans, jusqu’au décès de Wen. Suite à son départ en Suisse avec son mari, la jeune femme ne va pas pouvoir revoir sa famille pendant cinq ans. La dernière partie du livre raconte l’histoire du père de Wen, un haut gradé de l’armée dont la vie va brutalement changer avec la révolution communiste, puisqu’il sera considéré comme un ennemi du régime – il devra même à un moment donné balayer la rue avec une étoile jaune accrochée à sa veste!
« Une rencontre à Pékin » m’a vraiment passionnée. Jean-François Billeter, à travers son histoire très personnelle – sa rencontre avec sa femme – m’a transportée dans un pays que je connais peu, la Chine, à une époque très mouvementée. Si on sent que l’auteur est un homme cultivé, spécialiste de la Chine et de la langue chinoise, son récit reste très accessible, même pour un lecteur qui n’a pas forcément d’appétence pour l’Asie et de grandes connaissances historiques. Une jolie découverte!
Publiés en Août 2017 chez Allia, 160 et 96 pages.
Hélène n’a pas été conquise, retrouvez sa chronique ici.
35e lecture de la Rentrée Littéraire de Septembre 2017.
Je suis restée hermétique aux deux…
des avis assez opposés! pour qui allons-nous voter? 😀
Bon le commentaire d’Hélène change un peu la donne …pourtant je vois bien que l’histoire est intéressante – je te conseille le Madeleine Thien, sublime (il va être traduit au Canada dixit Marie) qui raconte bien l’histoire de la Chine
tu ne parleras donc pas du deuxième livre du même auteur ? je vais lire le billet d’Hélène
ah je ne connais pas du tout cette auteure! non j’évoque juste le 2e livre…un journal avec des entrées sur 2 ans après la mort de Wen…très bien écrit, élégant, intéressant…mais pas mon truc!
Sujet et approche intéressants… Mais en toute honnêteté, je ne suis pas sûre de lui faire une place dans ma vertigineuse pal…
la mienne est de pire en pire!! j’ai du mal à m’en sortir!