Je ne connaissais pas du tout Violette Morris, mais c’est un article de Télérama qui m’a donné envie de lire l’ouvrage que Gérard de Cortanze lui consacre : « Femme qui court ».
Née à la fin du XIXe, Violette Morris est une sportive accomplie qui excelle dans un grand nombre de disciplines :athlétisme, football, boxe, cyclisme, automobile…affrontant les femmes comme les hommes. Menant une vie de patachon, fumant et buvant plus que de raison, elle a des aventures avec notamment l’actrice Yvonne de Bray ou encore Joséphine Baker, et ira même jusqu’à subir une double masectomie pour pouvoir mieux conduire ses voitures de course. Dotée d’un fort caractère, agressive avec ses adversaires, elle est dans la ligne de mire de la Fédération Sportive féminine qui n’apprécie pas non plus son homosexualité affichée et ses vêtements d’homme, et qui finit par l’exclure, l’empêchant de concourir. Mais celle qui fut ambulancière durant la Première Guerre Mondiale, au péril de sa vie, choisit la collaboration lors de l’occupation allemande… Elle mourra en Avril 1944 dans une embuscade tendue par la Résistance.
Difficile de ne pas se passionner pour un tel portrait de femme ! Malgré un style un peu ampoulé et des dialogues souvent maladroits, j’ai lu cet ouvrage avec beaucoup de plaisir. Violette Morris était une femme non conventionnelle, qui, même aujourd’hui apparaîtrait comme précurseuse voire scandaleuse. A une époque où le destin d’une femme était de se marier et d’avoir des enfants, elle ne pensait qu’au sport, à la fête et au dépassement de soi, n’hésitant pas à se mesurer aux hommes, contre lesquels elle gagnait souvent.
On sent que Gérard de Cortanze aime son personnage et qu’il veut nous la rendre sympathique, la montrant courageuse mais aussi touchante malgré sa dureté. La très grande majorité du livre est d’ailleurs consacrée à l’adolescence de Violette puis à ses prouesses sportives qui forcent l’admiration. La période du nazisme et de la Seconde Guerre Mondiale est traitée beaucoup trop rapidement et on n’y parle que succinctement de collaboration, les raisons du passage de Violette Morris de l’autre côté de la barrière n’étant d’ailleurs pas très claires. Or si Violette Morris est passée à la postérité, c’est en tant que « Hyène de la Gestapo » puisqu’elle a été accusée – post mortem – d’avoir torturé des prisonnières de la Gestapo. Certains historiens réfutent cette thèse – mais aussi celle selon laquelle la mort de Violette Morris était un assassinat commandité par la Résistance – mais cela aurait mérité que le sujet soit traité plus en profondeur et pas seulement en une ou deux pages.
« Femme qui court » de Gérard de Cortanze n’est pas un ouvrage que je qualifierais de complet sur Violette Morris mais il a pour mérite d’être une bonne introduction à ce personnage complexe et haut en couleur.
Publié en Janvier 2019 chez Albin Michel, 416 pages.
22e lecture de la Rentrée Littéraire de Janvier 2019.