« Que sur toi se lamente le tigre » est un livre que je n’aurais sans doute pas lu sans le live que VLEEL lui a consacré et sans les conseils de certains de mes camarades lecteurs, que je remercie au passage – Emilienne Malfatto, son autrice, a d’ailleurs depuis reçu le Goncourt du Premier Roman 2021.
C’est un roman polyphonique, très court, mais qui, avec une économie de mots, réussit à dépeindre toute l’horreur d’un « crime d’honneur » – une expression terrible d’ailleurs, car il n’y a finalement aucun honneur dans cet acte. Dans un village irakien, de nos jours, une jeune fille est coupable, coupable d’avoir aimé son voisin Mohamed et de s’être donnée à lui avant qu’ils puissent se marier, le jeune homme, parti à la guerre, étant décédé quelques jours plus tard dans un bombardement. Dès qu’elle sent la vie en elle, la jeune fille sait que celle-ci signifie inéluctablement sa propre mort, de la main de son frère aîné.
Tour à tour, les membres de sa famille prennent la parole lors de la dernière journée de la jeune fille : le plus terrible est que personne ne lui veut de mal, mais c’est la tradition, c’est comme ça, il n’y a pas le choix, c’est le prix de la tranquillité, et d’un futur pour la petite sœur dans ce monde où les hommes ont droit de vie et de mort sur les femmes.
L’écriture d’Emilienne Malfatto est belle, poétique, poignante, et très évocatrice pour illustrer l’obscurantisme, et raconter cette tragédie des temps modernes, ce destin de sang, en seulement quatre-vingts pages.
Un livre coup de poing, à découvrir.
Publié en Septembre 2020 chez Elyzad, 80 pages.
tu es courageuse car moi je ne pourrais pas lire ce genre de récit où aucun homme ne décide pour une fois de dire non à la tradition … désespérant !