Roman découvert grâce à VLEEL et aux éditions du Typhon qui le publient en poche, « La Mort à Rome » a été écrit en 1954 par l’auteur allemand Wolfgang Koeppen.
L’intrigue se déroule dans les années 50 à Rome. Siegfried est un jeune compositeur allemand qui séjourne en ville pour assister à la première de sa symphonie. En froid avec sa famille, il découvre que celle-ci se trouve à Rome en même temps que lui : son père, qui est désormais le maire respecté de sa ville d’Allemagne de l’Ouest, sa mère et son frère Dietrich, étudiant en droit, ont parfaitement réussi la transition entre le IIIe Reich et l’Allemagne de l’après-guerre. Mais ce ne sont pas les seuls membres de la famille de Siegfried à être présents : son oncle Judejahn, ancien haut dignitaire SS, est également là, ainsi que sa femme Eva, qui ne s’est jamais remise de la fin du IIIe Reich et en porte le deuil, et leur fils Adolf qui, à leur grand dam, est devenu prêtre…
Quel roman noir et poisseux ! Il y a quelque chose de profondément malsain dans ce livre. Le style est assez particulier (j’ai eu du mal au début), saccadé, un peu halluciné, dans une ambiance très cinématographique qui fait penser notamment à Pasolini. La ville de Rome est un personnage à part entière, dans toute son ambivalence : ville éternelle, comme un affront au IIIe Reich disparu, avec ses bâtiments anciens, son soleil méditerranéen, ses jolies filles, ses fêtards, mais avec aussi une atmosphère mortifère et vénale.
La tension monte, avec notamment le personnage fou et affreux de Judejahn. Mais à vrai dire, aucun personnage n’est sympathique dans ce roman – ils sont fanatiques, profiteurs, dangereux…même Siegfried, qui apparait pourtant au début comme la conscience de la famille, cache de graves travers.
Une lecture dérangeante, même s’il y a quelque chose de fascinant dans cette morbidité.
Publié en Juin 2022 au Typhon, traduction A. Pierhal et M. Muller-Strauss, 248 pages.
pas trop mon truc, je passe ! j’espère être de retour bientôt
un peu glauque pour toi je pense…