Curieusement, je connais mieux Stefan Zweig via les adaptations théâtrales de ses oeuvres (Le joueur d’échecs, La Peur…) que par leur lecture ! C’est pour un prochain épisode de Bibliomaniacs que j’ai lu « Vingt-quatre heures de la vie d’une femme ».
Cette novella se déroule au début du XXe siècle dans une pension de famille de la Riviera, secouée par un scandale : une des clientes, mariée et mère de deux enfants, s’est enfuie avec un jeune homme arrivé la veille. Est-ce un coup de foudre entre deux clients ou faisaient-ils semblant de ne pas se connaître alors qu’ils entretenaient une liaison depuis un certain temps ?
Alors que les autres pensionnaires jugent sévèrement cette femme, le narrateur prend sa défense, sûr que c’est une femme respectable qui a succombé à une passion subite. Une dame anglaise âgée va alors se rapprocher de lui pour lui raconter ce qui lui est arrivé plus de vingt ans auparavant : vingt-quatre heures qui ont bouleversé sa vie…
Quel talent a Zweig ! Cette histoire ne compte pas un grand nombre de pages mais est pourtant très riche. L’auteur autrichien n’a pas son pareil pour dépeindre les émotions, pour décrire les mouvements de mains ou les traits de visages déformés par la passion. Une passion – amoureuse ou du jeu – qui s’empare des protagonistes jusqu’à leur faire oublier leur rang social, leur dignité, leur bienséance … leur âge et leur condition aussi puisque la femme qui raconte son histoire était alors une veuve de quarante ans, qui, après s’être résignée à vieillir seule, avait soudainement de nouveau envie d’être désirée et aimée, par un homme beaucoup plus jeune qu’elle.
La plume de Zweig est fine, la dimension psychologique est fouillée et l’histoire est haletante : tout peut basculer sous les yeux interloqués d’une cousine personnalisant le qu’en dira-t-on. On passe par toute une palette d’émotions avec ce court livre, qui près de cent ans après sa publication, est intemporel, universel et accessible à tout type de lecteur. Une réussite !
Disponible au Livre de Poche, dans une traduction d’Olivier Bournac, Alzir Hella, Brigitte Vergne-Cain, Gérard Rudent.
Il va vraiment falloir que je le lise celui–ci tout comme « Lettre d’une inconnue ».
J’ai adoré de lui sa biographie sur Marie-Antoinette ❤