Une couverture et un titre qui sortent de l’ordinaire, il n’en fallait pas plus pour que j’aie envie de lire « Le club des mamans mortes » de Paul Hurlink.
Louison, en Seconde dans une ville de Bretagne, devient très vite amie avec Courtney, nouvelle élève de son lycée, à la forte personnalité. Toutes deux ont un point commun : elles sont orphelines de mère. Courtney décide de fonder un club, dans lequel elle invite les deux autres élèves qui sont dans le même cas, Kodeveï et Samir, et partagent cette sensation de vide en eux, le « Hole ». Tous les quatre deviennent inséparables. Un peu par hasard, ils s’intéressent à la mère d’un de leurs camarades du lycée : le délire adolescent va bientôt tourner au drame…
J’ai eu du mal à entrer dans ce livre : la double temporalité (à cinq ans d’intervalle, avec la période la plus récente qui nous donne des bribes d’information, mais floues) m’a un peu embrouillée, et au début du roman, j’avais vraiment l’impression de lire de la littérature jeunesse (je n’ai rien contre la littérature jeunesse, mais ce n’est pas ce que j’attendais avec ce livre)
Pourtant, la mayonnaise a finalement pris : parce que la fascination des adolescents pour Nirvana et Hole est séduisante. Parce que l’atmosphère poisseuse et dérangeante de ce roman est particulièrement réussie. Parce qu’aussi, la dimension psychologique du livre est extrêmement intéressante. En effet, au cœur de l’intrigue, il y a la notion d’emprise. Celle qu’une personne a sur le reste du groupe, en exploitant les fêlures, les fragilités de ses membres, en utilisant les leviers amicaux et amoureux, en capitalisant sur l’effet de meute, sur les obsessions, déclenchant une violence complètement gratuite et déconnectée de la réalité.
Il y a quelques faiblesses dans ce récit – la façon d’approcher « la victime » est un peu trop facile pour être totalement crédible, l’épilogue (la voix de l’enfant) ne m’a pas totalement convaincue non plus, cependant le mal-être adolescent, les dynamiques de groupe, la perversité sont extrêmement bien décrits, ce qui fait vite oublier ces bémols.
Le livre est noir, violent, perturbant… original également et assez inoubliable. Un beau roman sur les travers de l’adolescence.
Publié en Février 2023 chez Filatures, 314 pages.
Une belle chronique ! ça m’intrigue… merci pour la découverte.
tu me diras si tu as aimé !
Ce livre me fait bien envie et, malgré les petites faiblesses que tu évoques, je suis tout de même très intriguée par cette atmosphère particulière et poisseuse. Et par l’emprise que peut avoir une personne sur tout un groupe. Merci Eva pour ton retour éclairé. 😊
merci pour ton commentaire, ça me fait plaisir !