Courbet et la jeune femme de « Saturation » n’auraient jamais dû se rencontrer. Le peintre, l’un des artistes préférés de Thael Boost (Philippe Jaenada était trop vivant pour ce livre), est décédé en 1877. Quant à notre héroïne, elle est adolescente à la fin des années 80.
Pourtant, le spectre, tel une sorte de parrain céleste, s’attache à cette jeune fille vive et cultivée à qui il s’adresse à la deuxième personne du singulier, et qui va tomber folle amoureuse de George.
A un âge où l’on a plus tendance à papillonner ou à se consacrer à ses études, elle et George vont vivre une histoire pleine d’engagement fort, de romantisme… et de noirceur aussi. Car l’homme est beau. charmeur. doué. mais aussi … jaloux, violent, toxique.
Quel est le lien avec Courbet, me direz-vous, à part le fait de personnifier d’une manière originale et intéressante un angle d’attaque, une prise de recul sur une histoire forte et douloureuse ? Un côté frondeur, anticonformiste… que tous deux paieront cher, d’ailleurs. Et puis des thèmes communs, des coïncidences entre la vie de la jeune fille (et de celle de ses proches ) et celle de l’artiste.
D’ailleurs, si j’ai découvert ici plus en détails une biographie, une œuvre que je connaissais mal (à part « L’origine du monde » bien sûr… le fameux « visage du Horla » et heureusement, quelques peintures vues au musée Fabre de Montpellier) et dont les tableaux donnent leur titre aux chapitres, c’est plutôt cette passion toxique et ce lien, indélébile, comme seul peut l’être celui qui a uni deux êtres aussi jeunes, qui m’ont attirée.
Après un premier texte consacré à sa mère, j’ai pris plaisir à retrouver l’écriture toujours élégante de Thael Boost dans ce deuxième opus. D’ailleurs, une figure paternelle y fait plusieurs fois apparition… un « Père à côté » en préparation ?
Publié en Avril 2024 chez Anne Carrière, 192 pages.
encore une découverte
je connais bien Thael, depuis des années, et c’est un plaisir de la retrouver en tant qu’autrice