Lu dans le cadre du Prix du Meilleur Polar des lecteurs Points 2024, « Amour, meurtre et pandémie » se déroule en Chine et, comme son titre l’indique, pendant la pandémie du coronavirus.
Le livre est le treizième tome (et le premier que je lis) d’une série de Qiu Xiaolong mettant en scène l’inspecteur Chen Cao, féru de littérature et de poésie.
Si l’on lit ce roman dans l’optique de se régaler avec un polar de bonne facture, on ne peut qu’être déçu : l’intrigue tient sur un timbre-poste et elle est résolue en quelques jours. En revanche, une fois que l’on a compris que la facette policière n’est qu’un prétexte pour évoquer la Chine contemporaine, ce livre est une belle surprise.
Qiu Xialong dénonce ici la surveillance continue de la population par le Parti communiste et surtout la violence, l’absurdité et l’inhumanité de la politique Zéro Covid du gouvernement, assorties d’un manque total de transparence sur l’origine de la pandémie et sur les chiffres réels du nombre de victimes. Malades enfermés chez eux qui se suicident, parturientes qui meurent devant l’hôpital faute d’être en possession d’un test négatif de moins de 24 heures, le récit égrène nombre d’exemples qui font froid dans le dos…
Chen Cao tente de retrouver un potentiel tueur en série qui sévit autour de l’hôpital principal de Shanghai tout en s’informant, grâce au « Dossier Wuhan », le texte d’un lanceur d’alerte, sur la face sombre de la politique en cours.
Il y a quelque chose de très surprenant dans ce roman, une atmosphère lente, parfois un peu contemplative, comme cette relation qui se noue pudiquement entre l’inspecteur et son assistante Jin, mais aussi poétique et littéraire, avec de très nombreuses citations.
« Amour, meurtre et pandémie » est le portrait d’un homme qui valorise la poésie et la justice dans un monde qui broie la beauté et l’humain… une lecture surprenante, mais qui m’a beaucoup plu.
Publié en 2023 chez Liana Lévi, traduit par Françoise Bouillot, 240 pages.