J’aime les romans policiers et la période de la Seconde Guerre Mondiale, deux bonnes raisons d’être attirée par des livres comme ceux de Philip Kerr ou encore d’Harald Gilbers. Les livres de Cay Rademacher s’inscrivent dans cette lignée, avec notamment la « Trilogie Hambourgeoise » dont « L’assassin des ruines » est le premier tome.
L’intrigue, inspirée d’une histoire vraie, se déroule à Hambourg début 1947. La ville, sous contrôle britannique, est totalement en ruines après avoir été lourdement bombardée, et ses habitants survivent comme ils le peuvent, par un froid glacial (il fait -20, -25…) et avec peu de nourriture – soumise à tickets de rationnement, alors que le marché noir fait rage. Frank Stave est un inspecteur de police d’une quarantaine d’années, veuf (sa femme a été tuée en 1943 lors d’un bombardement), qui cherche désespérément des nouvelles de son fils Karl, disparu sur le front russe.
Lorsqu’une jeune femme nue est retrouvée étranglée dans les ruines d’un bâtiment, c’est lui qui s’occupe de l’enquête, en compagnie d’un policier venu des Mœurs, mais aussi d’un officier de l’armée britannique. Difficile, sans vêtement ni indices, d’identifier la victime, que personne ne semble connaître à Hambourg… et bientôt, il n’y a pas qu’une personne assassinée, mais deux, puis trois, puis quatre…
J’ai lu avec beaucoup de plaisir ce roman, dont la grande force est le contexte historique, avec cette ville fantôme, en ruines, et repliée sur elle-même puisqu’avec le froid, les voies navales, ferroviaires et routières sont coupées. La guerre est finie depuis 18 mois, mais tout est encore très chaotique : les conditions de vie sont très difficiles, il y a des personnes déplacées partout, et les familles ont encore du mal à savoir ce qui est arrivé à leurs proches qui étaient dans la Wehrmacht, sont-ils morts au front, prisonniers dans des camps?
Frank, qui n’a jamais été membre du Parti, doit mener son enquête sans savoir vraiment sur qui il peut compter – entre les anciens Nazis, les nouvelles recrues peu et mal formées, les officiers britanniques, les déportés ou exilés revenus pour se venger, les magouilleurs, les déclassés, il est compliqué de pouvoir faire entièrement confiance.
L’intrigue est parfois un peu cousue de fil blanc, mais cela ne m’a pas dérangée plus que cela, car j’ai adoré l’ambiance de ce roman, et je me suis également attachée au personnage principal, Frank Stave. Ce premier tome est au rendez-vous pour donner envie de poursuivre la lecture avec les tomes suivants.
Publié aux Editions du Masque en 2017, traduit par Georges Sturm, 336 pages.
Je note ton conseil, une histoire noire dans une ville en ruines, c’est pour moi !