J’ai découvert Pierre Jarawan l’an dernier avec son premier roman, que j’avais beaucoup aimé : « Tant qu’il y aura des cèdres ». J’ai donc été ravie de le retrouver avec sa nouvelle publication : « Un Chant pour les Disparus ».
Amin a quitté le Liban alors qu’il était bébé, suite à la mort de ses parents, pour vivre en Allemagne avec sa grand-mère maternelle. Il ne s’est réinstallé avec elle au Pays des Cèdres qu’en 1994, à l’âge de treize ans. L’adolescent, qui fait les 400 coups avec son meilleur ami Jafar, trouve le comportement de sa grand-mère étrange. Qui sont tous ces gens qui se réunissent régulièrement chez elle? Et à quoi font référence les titres des tableaux qu’elle peint? Amin se heurte à de nombreux mystères et silences, et ce n’est peut-être qu’en 2011, alors que les chars syriens quittent le Liban, qu’il obtiendra peut-être des réponses à ses nombreuses questions.
Quel bonheur de retrouver la très belle plume de Pierre Jarawan, et son talent de conteur ! J’ai dévoré ce livre à l’intrigue destructurée, qui oscille entre l’adolescence d’Amin, en 1994, et les années 2000, alors que le personnage, devenu adulte, essaie de résoudre les mystères de son passé. Le roman est très riche, avec des moments lumineux – l’amitié très forte entre Amin et Jafar, leurs aventures rocambolesques, les premiers émois amoureux de l’adolescent – mais aussi une plongée dans les facettes les plus sombres du Liban, qu’elles soient liées à la guerre ou culturelles. L’auteur entremêle une multitude d’événements sur une trentaine d’années avec beaucoup de suspense, car les interrogations sont nombreuses, et Amin est un très beau personnage, que les non-dits ont muré dans une certaine solitude.
« Un Chant pour les Disparus » est de nouveau une réussite : un très beau deuxième roman !
Publié en Mars 2021 chez Héloïse d’Ormession, traduit par Nicolas Véron, 460 pages.