Maylis de Kerangal et Joy Sorman ont ceci en commun qu’elles arrivent à me faire m’intéresser à des sujets pour lesquels je ne me passionne pourtant pas du tout … je ne pouvais donc qu’être intriguée par la sortie de Seyvoz, écrit à quatre mains (sans que l’on sache d’ailleurs qui écrit quoi).
Le récit alterne entre deux époques, chacune ayant sa couleur de police. De nos jours, un ingénieur, Tomi Motz, arrive à Seyvoz pour contrôler les installations du barrage qui a été édifié dans les années 50. Dès son arrivée, son déplacement professionnel se passe mal : son contact local n’est pas là, l’ambiance de l’hôtel dans lequel il réside est étrange … en parallèle, on revient dans les années 50, au moment où le barrage est construit : des travaux qui provoqueront le décès de nombreux ouvriers, le déplacement du cimetière et l’évacuation des habitants, le village étant englouti par le lac artificiel créé par le barrage ….
Seyvoz est vraiment un roman d’atmosphère : il y a quelques chose de ouaté, à la limite du fantastique, qui m’a parfois fait penser à du Pierre Cendors, même si l’écriture est ici plus aride que poétique.
Il faut accepter de lâcher prise et de ne pas tout comprendre dans ce court livre d’une centaine de pages, où l’on a parfois l’impression d’être dans un rêve, bizarre et perturbant. Il y a quelque chose de froid, de mortifère, dans cette zone où création résonne avec disparition – des vivants, des morts, des histoires humaines.
Un récit dont je suis sortie sans trop savoir quoi en penser, déstabilisant mais aussi d’une certaine beauté sobre et froide …
Publié en 2022 chez Inculte, 100 pages.