Cela faisait un certain temps que je n’avais pas lu de bande dessinée ou de roman graphique. Le titre « Triangle Rose » m’a attiré l’oeil, car autant il y a une littérature riche sur la déportation des Juifs et des Résistants, autant la déportation des homosexuels pendant la Seconde Guerre Mondiale est un sujet beaucoup moins connu, et très peu évoqué dans les romans.
De nos jours, un groupe d’adolescents doit préparer un exposé sur la déportation. L’un d’eux se souvient avoir entendu dire que son arrière grand-père avait été déporté. Il décide de l’interviewer pour son exposé.
A Berlin en 1933, Andreas, dessinateur publicitaire, avait une vie insouciante en compagnie de sa bande d’amis homosexuels comme lui, et ne s’inquiétait pas outre mesure de la prise de pouvoir des Nazis. Mais la Nuit des Longs Couteaux marqua un tournant pour les homosexuels, devenus bientôt l’une des bêtes noires du régime.
Les dessins et les dégradés de couleurs sont extrêmement bien réussis et rendent cette bande dessinée très agréable à lire malgré un sujet douloureux. Je pensais que le thème de ce livre serait la déportation en elle-même, et la vie dans les camps, mais l’auteur a préféré se concentrer sur la période d’avant-guerre 1933-1937 jusqu’à la déportation d’Andreas, et sur la période d’après-guerre.
En effet, les homosexuels, qui devaient porter sur leur uniforme de déportés un grand triangle rose, étaient poursuivis, voire déportés, en vertu du « paragraphe 175 » du Code Pénal allemand. Ils étaient donc considérés comme des droits communs, et en tant que tels, n’avaient pas le droit à une indemnisation après la guerre.
La bande dessinée rappelle qu’il a fallu plusieurs décennies afin que la déportation des homosexuels soit reconnue, et que même au sein des associations d’anciens déportés ils n’étaient pas toujours considérés comme de « vraies victimes ».
« Triangle Rose » est une belle découverte, une bande dessinée de qualité sachant bien conjuguer l’informatif et le narratif sur un thème rare et très intéressant sur le plan historique.
Je l'avais déjà repérée plusieurs fois mais ma médiathèque ne l'a jamais achetée. Je vais leur suggérer de l'acheter une fois de plus…
c'est effectivement à la médiathèque que je me suis procuré cette bd…:-)