Le Violoniste / Rompre le silence – Mechtild Borrmann

 

C’est Anne de « Mon Petit Chapitre » qui m’a donné envie de lire « Le Violoniste » puisqu’elle l’a désigné comme pépite de cette rentrée littéraire, ce qui était jusque là inédit pour un thriller…Et j’en suis ravie, car j’ai passé un excellent moment de lecture avec ce très bon polar allemand qui se déroule en grande partie en ex-URSS.

En 1948, Ilya Grenko, célèbre violoniste, est arrêté à l’issue d’un concert, accusé d’avoir voulu passer à l’Ouest. A cette occasion, son Stradivarius, dans la famille depuis des générations, lui est confisqué. Forcé à signer des aveux, il est déporté au goulag. Sa femme Galina et leurs deux fils sont quant à eux exilés au Kazakhstan.
En 2008, Sacha Grenko, le petit-fils du violoniste, est contacté par sa soeur, qu’il avait perdue de vue après la mort de leurs parents dans les années 90, quelques mois après qu’ils aient tous émigré du Kazakhstan en RFA. Lorsqu’elle est assassinée sous ses yeux, il décide d’enquêter sur sa mort et se retrouve confronté à son histoire familiale, dont il n’avait jusque là pas connaissance.Dans ce roman, on ne suit pas uniquement l’enquête de Sacha pour élucider la mort de sa soeur et retrouver le violon perdu, mais on découvre également par des flash-backs les destins d’Ilya et Galina, l’un au goulag, l’autre en exil, chacun ne sachant pas ce qu’est devenu l’autre. Les récits sont durs, poignants, et je suis sortie de cette histoire bouleversée et écœurée par l’immense gâchis humain provoqué par ces arrestations et condamnations sans fondement comme il y en a eu des milliers dans l’ex-URSS, souvent basées sur la jalousie ou la volonté de nuire, et qui s’étendaient à toute la famille du « coupable », et par les conditions de vie atroces que subissaient les prisonniers ou exilés. 

C’est très bien écrit, que ce soit les parties « historiques » ou l’enquête en elle-même, pleine de rebondissements, et ce roman m’a vraiment tenue en haleine jusqu’au bout. Cela fait vraiment du bien de lire un thriller bien construit et aussi intéressant. Seuls petits bémols: je n’ ai pas trouvé crédible, vu le contexte, que l’assassinat de la sœur soit perpétré de façon aussi peu discrète, alors qu’un meurtre maquillé en accident aurait été beaucoup plus logique. Un autre détail, qui a une forte importance dans l’histoire, ne m’a pas non plus semblé crédible (pour ceux qui ont lu le livre: qu’une certaine personne ait pu cacher sa présence dans un certain lieu vu son rang, les conditions de son arrivée, et le fait qu’il ait été accompagné de quarante-six personnes…). Mais cela n’enlève rien au plaisir que m’a procuré ce roman.

Rompre le silenceJ’en ai donc profité pour lire le livre précédent de Mechtild Borrmann, « Rompre le Silence ». Celui-ci comporte également des allers-retours entre époque contemporaine et passé, mais ici uniquement en Allemagne.

En 1998, Robert Lubisch découvre dans les affaires de son père, à la mort de celui-ci, une carte de SS au nom de Wilhelm Peters et la photographie d’une très belle femme. Se demandant quel rapport ont ces documents avec son père, il décide de mener l’enquête.

Cette fois-ci les flashbacks nous emmènent de 1938 à 1950 dans une petite ville allemande, où l’on suit un groupe d’amis d’enfance, qui ont une vingtaine d’années quand la guerre éclate. C’est écrit très finement, les personnages, comme dans « Le Violoniste » , sont très bien incarnés et surtout l’auteur évite tout manichéisme.

J’ai également beaucoup aimé ce livre, la découverte de cette romancière allemande est décidément une excellente surprise. L’injection dans le récit d’une journaliste, Rita, donne un nouvel angle à l’enquête, qui se fait double: une dans le passé, et une actuelle. Il semble donc que Mechtild Borrmann applique le même modèle à chacun de ses romans, puisque c’était également le cas dans le « Violoniste », mais elle le fait avec un tel brio que ce n’est pas du tout dérangeant. J’ai passé un excellent moment avec ce livre, en appréciant tout particulièrement la partie « historique », que j’ai trouvée vraiment bien réussie. Encore un bémol, par contre: quand j’ai terminé le roman, j’ai fermé le livre et me suis dit « Mais pourquoi a-t-il fait cela? Ce n’est pas logique…! ». Bref, il semble que j’aie systématiquement un problème avec les origines des intrigues de Mechtild Borrmann! Mais qu’importe, j’ai vraiment adoré ces deux livres, que je vous conseille vivement!

Et, puisque c’est ma 19e contribution au Challenge 1% rentrée littéraire 2014 organisé par Hérisson, j’entame avec « Le Violoniste » mon 4e % !

 

challenge 1% 2014

13 commentaires sur “Le Violoniste / Rompre le silence – Mechtild Borrmann

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