A ce Stade de la Nuit – Maylis de Kerangal

« A ce Stade de la Nuit » est la nouvelle parution de Maylis de Kerangal, non pas un roman comme « Réparer les Vivants », mais un court texte de 80 pages sorti très discrètement où la narratrice, touchée par l’annonce à la radio du naufrage d’une embarcation de réfugiés sur l’île de Lampedusa, causant la mort de plus de trois cent cinquante réfugiés, laisse vagabonder son esprit autour de Lampedusa, qui est également le nom de famille de l’auteur du « Guépard ».
.
Difficile de parler de cet ouvrage porté par l’écriture toujours magnifique de Maylis de Kerangal. Le récit commence par l’information, entendue à la radio le 3 octobre 2013, que trois cents réfugiés ont trouvé la mort lors d’un naufrage près de l’île de Lampedusa. Ce nom renvoie la narratrice au roman « Le Guépard », dont l’auteur n’est autre que Giuseppe Tomasi di Lampedusa, puis forcément à son adaptation cinématographique par Visconti, avec Claudia Cardinale et Burt Lancaster, où la scène de bal est vue comme un naufrage. Burt Lancaster, qui dans l’esprit de la narratrice, représente à la fois l’image d’un monde ancien qui vacille – dans son rôle de Don Fabrizio – mais aussi le migrant dans le film « Le Plongeon » où celui-ci traverse tout le Connecticut de piscine en piscine.
La narratrice, touchée par le drame, questionne dans son insomnie le résonnement d’un nom, évoque littérature et cinéma, se rappelle ses propres voyages, en transsibérien comme en bateau. Chapitre après chapitre, on suit les circonvolutions de ses pensées pendant cette insomnie, marquées par le leitmotiv « à ce stade de la nuit ».
 .
Résultat de recherche d'images pour "le guépard"Résultat de recherche d'images pour "le guépard livre"
 .
C’est très beau et tout à fait d’actualité, mais paradoxalement ce texte m’a peu marquée. Autant « Réparer les Vivants » m’avait longtemps hantée, autant j’ai beaucoup de mal à me rappeler « A ce stade de la nuit », lu certes il y a trois semaines, mais deux fois quand même, à me souvenir des thèmes abordés, des réflexions de la narratrice.  Il m’en reste une impression diffuse, une atmosphère, comme lorsqu’on se réveille et que l’on se souvient qu’on a rêvé, de l’ambiance du rêve mais pas vraiment de ce qu’il s’est passé, mais aussi une envie forte de découvrir « Le Guépard », en livre ou en film, une oeuvre majeure sur laquelle j’avais jusque là fait l’impasse.
 .

Publié le 15 Octobre 2015 aux Editions Verticales, 80 pages.

26e participation au Challenge 1% Rentrée Littéraire 2015…

7 commentaires sur “A ce Stade de la Nuit – Maylis de Kerangal

  1. Quelle claque son roman "Réparer les vivants", j'ai aperçu celui-ci hier en librairie mais pas eu le temps de m'y attarder. Je te remercie pour ce billet qui explique pourquoi je vais attendre de le trouver en bibli (et 80 pages..)
    Pour le Guépart, vu quand j'étais très jeune, je trouvais Claudia Cardinale magnifique – je n'avais pas trop saisi le sens de l'histoire. Il faudrait aussi que je le revoie !

  2. Je l'ai acheté la semaine dernière, par curiosité. Réparer les vivants ne m'avait pas convaincu, j'ai voulu lui donner une nouvelle chance. A te lire, je me demande si c'est une bonne idée 🙂

  3. @ Tiphanie: je te conseille plutôt Réparer les Vivants ou Naissance d'un pont
    @Noukette : ah oui, dans ce cas, évite 😉
    @ Delphine : si tu as l'occasion, ce sera vite fait 🙂
    @Valérie : il me semble en effet qu'une version plus courte était sortie en 2014
    @Jêrôme : venant de lire ton billet…non ce n'était pas une bonne idée 😉
    @Electra : Réparer les Vivants a ètè un gros coup'de coeur …et celui là n'en est vraimnt pas un…

Laisser un commentaire

Votre adresse de messagerie ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *