L’If et la Rose – Mary Westmacott (Agatha Christie)

Ayant été très agréablement surprise par « Ainsi vont les filles » de Mary Westmacott alias Agatha Christie, j’avais hâte de lire d’autres ouvrages non-policiers écrits par la célèbre auteure – il y en a six en tout – et « L’If et la Rose » était le suivant sur la liste.

Hugh Norreys reçoit la visite d’une femme étrange qui lui demande de venir au chevet d’un mourant nommé John Gabriel. Hugh refuse d’abord catégoriquement, car il lui voue une haine féroce depuis un épisode tragique arrivé il y a longtemps. Mais la femme lui apprend que John Gabriel est devenu le Père Clément, un homme célèbre pour sa générosité et son courage. Hugh va donc rendre visite à John Gabriel, qu’il avait connu des années auparavant, à Saint-Loo. A l’époque Hugh était invalide suite à un accident de voiture et séjournait chez son frère et sa belle-sœur. John Gabriel était le candidat conservateur aux élections locales : un homme complexé par ses origines modestes vis-à-vis de l’aristocratie locale et prêt à tout pour réussir, séducteur, cynique, mais également courageux et ayant son franc-parler, ce qui l’avait rapproché de Hugh. Celui-ci aimait beaucoup Isabella, une jeune aristocrate qui semblait comprendre son mal-être et éprouver de la sympathie pour lui. Mais l’attirance de John Gabriel pour cette jeune femme difficile à cerner et à l’opposé de lui, tant sur le caractère que sur le plan social, allait créer la discorde entre les deux hommes, jusqu’au drame final.

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Agatha Christie

Agatha Christie montre une nouvelle fois dans ce roman qu’elle est une fine descriptrice de la psychologie humaine : les passages sur la relation entre Hugh et sa fiancée Jennifer avant et après son accident de voiture sont très réussis, avec une pointe d’humour vraiment plaisante. Elle est également très forte pour créer des microcosmes et évoquer les relations humaines mais aussi sociales. Comme dans le village de Miss Marple, un endroit à taille réduite mais où se jouent de grands drames universels, Saint-Loo est, à l’occasion des élections locales, le théâtre d’une multitude d’histoires que Hugh va observer de son fauteuil d’invalide, son statut de handicapé lui donnant une place périphérique. Son statut est également contrasté car il est membre de la haute société de part sa naissance – ce qu’il fait qu’il est accepté par l’aristocratie locale – mais aussi outsider car il est invalide, ce qui le rapproche de John Gabriel. Cet homme n’a normalement pas sa place dans ce milieu, mais nous sommes en 1945 et sa Victoria Cross, obtenue car c’est un jusque-boutiste qui devait revenir de la guerre, soit dans un cercueil, soit décoré, lui ouvre les portes des hautes sphères, malgré sa naissance modeste et son physique qui n’a rien d’aristocratique. Mais il sent bien qu’il n’est pas complètement accepté, ce qui génère en lui de la frustration et du ressentiment – des sentiments qui vont se heurter à l’attirance qu’il éprouve pour Isabella.

Autant j’ai apprécié la finesse d’Agatha Christie dans les descriptions psychologiques, autant j’ai trouvé qu’il y avait quand même des longueurs dans ce roman. La galerie des personnages est très réussie, sauf Isabella, que je n’ai pas trouvée très incarnée, tout comme sa relation avec Rupert, le jeune lord Saint-Loo. La fin à Zagrade m’a également semblé artificielle. ‘L’If et la Rose » n’est donc pas à mes yeux au niveau d’« Ainsi vont les filles » mais c’est néanmoins un roman pertinent au niveau psychologique dans lequel les fans d’Agatha Christie retrouveront des traits caractéristiques de la plume de l’auteure.

Publié le 27 janvier 2016 au Livre de Poche, traduit par Dominique Chevallier, 320 pages.

Quatrième participation au Mois Anglais 2016 organisé par Lou et Cryssilda.

3 commentaires sur “L’If et la Rose – Mary Westmacott (Agatha Christie)

  1. tu assures pour le mois anglais ! j’ai commencé mon Agatha Christie .. j’ai l’esprit préoccupé et donc je n’arrive pas trop à lire (mes vacances approchent et plein de choses à faire !) . Je vois que tu as été moins emballée par celui-ci que par le précédent.

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