« De l’âme » de François Cheng est typiquement le genre de livre que je n’aurais pas lu s’il n’avait pas fait partie de la sélection du Prix France Télévisions catégorie « essais » et que je n’avais donc pas été « obligée » de le lire. Or je suis ravie d’avoir découvert et l’ouvrage et l’auteur, grâce à l’un des points positifs des jurys littéraires : faire sortir les jurés de leurs sentiers battus! C’est d’ailleurs « De l’âme » que j’ai défendu pour qu’il ait le Prix, en vain malheureusement!
Certes, François Cheng est très connu – il est quand même académicien – mais je n’ai jamais ressenti l’envie de lire l’un de ses ouvrages, cela me semblait un peu trop intellectuel et philosophique à mon goût. Dans « De l’âme », comme le titre l’indique, François Cheng traite du thème de l’âme, de manière épistolaire, à travers sept lettres adressées à une amie.
J’ai été très agréablement surprise par l’accessibilité de ce texte : pas besoin de grandes connaissances philosophiques ou religieuses pour comprendre ce que veut dire l’auteur. La langue de François Cheng est très belle, sa plume est élégante, mais sans être ampoulée ou trop lyrique.
Si dans les premières lettres, le propos reste plutôt théorique – l’auteur s’appuie sur les travaux de philosophes et sur les principes des religions monothéistes – le récit devient de plus en plus personnel au fil des lettres, François Cheng évoquant notamment son exil de la Chine, dans des conditions effroyables, ou ses problèmes de santé alors qu’il est âgé. Une très belle lettre nous parle aussi de la philosophe Simone Weil, d’une façon qui donne vraiment envie de découvrir de façon plus poussée l’oeuvre de cette intellectuelle dont on ne parle selon moi pas assez.
« De l’âme » de François Cheng est un livre qui fait du bien. Sans tomber dans l’écueil de l’éthéré, c’est un ouvrage qui sait se détacher du quotidien, et qui apporte du souffle, qui élève le lecteur, avec intelligence et bienveillance. C’est un récit que j’aurai plaisir à relire, pas forcément d’un bout à l’autre, mais une lettre par-ci par-là. Un livre que je conseille à tous, pas besoin d’être croyant ou d’avoir des connaissances religieuses, et d’avoir une appétence pour la philosophie pour comprendre et apprécier « De l’âme ».
Publié en Novembre 2016 chez Albin Michel, 162 pages.
C’est vrai qu’être juré permet de sortir de sa zone de confort, parfois (mais quand je vois la liste du prix du livre inter, j’en ai lu un avec peine, ai laissé tomber un autre, alors je me dis, ce n’est pas pour moi ce prix finalement!)
Pour les essais, ça va mieux. J’ai terminé Tuer le cancer, au fait, oui, bien, mais pas à grimper aux murs.
il y a deux ou trois ans, c’est « Faillir être flingué » qui avait été couronné par le Prix Inter, alors que je m’étais fortement ennuyée en le lisant… dans la sélection de cette année, j’en ai lu 4 (Vie de ma voisine, L’autre qu’on adorait, 14 Juillet et Trois saisons d’orage) : j’ai moins aimé 14 Juillet, mais les autres m’ont vraiment beaucoup plu…
Tuer le Cancer a eu le prix France Televisions pour son message optimiste sur la recherche contre le cancer, pour le côté universel de la maladie, pour soutenir l’innovation médicale, pour la personnalité de l’auteure…et certainement pas pour ses qualités littéraires…
ça fait très longtemps que je veux lire cet auteur, je vais peut-être tester avec ce titre !
n’en ayant lu qu’un, je ne peux donc pas t’en conseiller un autre 😀
Très bel article Eva et comme toi, sans le Prix France télévisions (et La Grande Librairie) je n’aurai probablement pas découvert ce pur bijou. Alors forcément, j’approuve 100% de la noisette tout ce que tu écris fort bien.
j’avais vraiment beaucoup aimé la façon dont tu avais parlé de ce livre lors des délibérations, ce que j’ai retrouvé dans ton billet consacré à « De l’âme »!
Sympa cette découverte qui te faire sortir des sentiers battus. En plus tu as vraiment apprécié cette lecture !
oui il y en a deux dans le prix que j’ai vraiment apprécié: celui-ci et le Tesson (mais lu avant le prix…)
j’ai aussi tendance à rester dans ma zone de confort et les essais, jamais tenté ! j’aime pourtant lire des articles et voir des documentaires mais je réserve la lecture pour autre chose.
Mais je suis ravie que tu aies aimé ta lecture !
ben, tu lis quand même des essais, non? Indian Roads, Addict, le David Carr…