Ces rêves qu’on piétine – Sébastien Spitzer

S’il y a un livre de cette RL qui a généré  l’enthousiasme de la blogosphère et de la critique littéraire, c’est bien « Ces rêves qu’on piétine », premier roman de Sébastien Spitzer. S’il m’a attirée dès sa sortie, je n’ai eu l’occasion de le lire qu’en Novembre, pendant mon voyage à Vienne.

Dans les dernières semaines de la Seconde Guerre Mondiale,  des milliers de déportés sont sur les routes, escortés par des gardes nazis qui ont évacué le camp de Stöcken devant l’avancée des Américains. Parmi eux, une femme et une petite fille, mais aussi Aimé, un jeune homme qui cache un rouleau de feuilles de papier. Au même moment, dans le bunker du Führer, Magda Goebbels s’apprête à empoisonner les six enfants qu’elle a eus avec Joseph Goebbels et se remémore son passé, celui d’une enfant illégitime reconnue par son beau-père, un certain Richard Friedländer. Un homme aimant à qui elle tournera le dos pour prendre du galon dans la sphère nazie et qu’elle abandonnera à son triste sort lorsqu’il sera persécuté par le régime nazi en tant que Juif.

Quand on vous martèle depuis des mois qu’un livre est  génial, et qu’il faut absolument le lire, on est en droit d’avoir de grandes attentes…et donc de grandes déceptions lorsque la satisfaction n’est pas au rendez-vous…En effet, j’ai trouvé que « Ces rêves qu’on piétine » était facile d’accès et agréable à lire, et je l’ai lu d’ailleurs très vite, mais deux ou trois jours après, je l’avais quasiment oublié!

Le livre est basé sur des faits réels (notamment le massacre de la grange incendiée) , mais je n’ai pas réussi à m’intéresser ou à m’attacher aux personnages rencontrés dans ce récit. La mère d’Ava m’a laissée froide, et même le personnage d’Ava en lui-même, enfant mutique née en camp de concentration – a priori le personnage émouvant par exemple – ne m’a pas vraiment convaincue. Le lien ténu entre cette histoire et celle de Magda Goebbels, ce sont les lettres de Richard Friedländer, des lettres qui elles aussi ne m’ont pas convaincue, j’ai trouvé qu’elles sonnaient faux, et qu’elles n’apportaient finalement rien au récit.

Reste le portrait de Magda Goebbels, une femme pour le moins complexe et qui mériterait (sans connotation positive dans ce verbe) un livre à elle seule, une biographie fouillée. Or, même si c’est la seule partie qui a vraiment éveillé mon intérêt dans « Ces rêves qu’on piétine », on passe vite, très vite sur des faits édifiants, que l’on découvre au détour d’une phrase. Magda Goebbels, qui ne serait pas la fille adoptive mais bien la fille biologique de Richard Friedländer, aura une relation amoureuse avec un jeune sioniste Victor Arlosoroff – qui sera par la suite assassiné- dont elle soutiendra la cause, avant de se marier avec l’un des hommes les plus riches d’Allemagne (les descendants de leur fils Harald sont les actionnaires principaux de BMW et sont milliardaires), puis de renier son beau-père pour épouser Joseph Goebbels et devenir l’équivalent de la Première Dame du nazisme, puis une sorte de Médée moderne. Cette partie m’a vraiment intéressée mais tout était trop survolé pour assouvir ma curiosité.

« Ces rêves qu’on piétine », chef d’oeuvre de l’année? pour moi, certainement pas. Un livre accessible, facile à lire, qui peut servir d’introduction pour un lecteur connaissant mal le personnage de Magda Goebbels (qui devra cependant se renseigner plus en profondeur avec des articles ou des livres complémentaires), mais qui à mes yeux est survendu. Il a pourtant plu à beaucoup de blogueuses, vous trouverez facilement des chroniques positives voire enthousiastes sur la blogosphère, mais je n’ai pas été convaincue par ce premier roman de Sébastien Spitzer. Reste la belle évocation de Svetlana Leszczynska, résistante polonaise, sage-femme à Auschwitz qui réussit à sauver près de 500 bébés…

Publié en Août 2017 aux Editions de l’Observatoire, 304 pages.

31e lecture de la Rentrée Littéraire de Septembre 2017.

18 commentaires sur “Ces rêves qu’on piétine – Sébastien Spitzer

  1. Eh bien moi j’ai abandonné ma lecture au bout de 100 pages. Je n’ai pas accroché à l’écriture, et pas plus à l’histoire. Je n’avais pas vraiment envie d’ouvrir le livre pour continuer… c’est mauvais signe en général.

    1. je viens de commenter ton article, comme je te l’écris, tu l’as publié au moment où j’allais écrire le mien, et je ne voulais pas être influencée
      mais oui, comme moi tu sembles l’avoir oublié assez vite…

    1. Je me souviens très bien de ton billet positif, je suis d’accord avec toi sur le fait que le roman est ambitieux…dommage que je ne partage par contre pas ton enthousiasme!

  2. Je ne comptais pas du tout lire ce roman, je me méfie toujours des livres dont on parle trop mais il était exposée dans ma médiathèque et finalement je me suis laissée tenter. Ce n’est pas un coup de cœur mais j’ai beaucoup aimé ce bout d’histoire raconté différemment, même si au début j’ai été un peu rebutée par l’écriture.

Laisser un commentaire

Votre adresse de messagerie ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *