Africville – Jeffrey Colvin

« Africville » de Jeffrey Colvin est une saga familiale qui nous entraîne de la Nouvelle-Ecosse à l’Alabama sur trois générations….

L’histoire commence dans les années 30 dans un petit village aux alentours d’Halifax, au Canada, peuplé par des Noirs, et qui prendra le nom d’Africville : Kath Ella, qui a survécu bébé à la fièvre mortelle qui affectait les nourrissons, est une adolescente studieuse qui souhaite obtenir une bourse afin d’entrer à l’université, ce qui est quasiment impossible pour une jeune fille noire de cette époque. Elle essaie par conséquent de résister à son amie Kiendra, qui fait les quatre cents coups et tente de l’entraîner dans ses bêtises…

Quelques années plus tard, Kath Ella tombe enceinte mais Omar, le père du bébé, meurt tragiquement. Elle épouse Timothée, rencontré à Montreal, qui est blanc. L’enfant, prénommé Omar comme son père, est adopté par son mari, et rebaptisé Etienne. Bien que ses parents biologiques soient tous les deux noirs, Etienne a la peau très pâle et peut aisément passer pour un Blanc, ce qui facilite sa vie en Alabama, où il s’est installé. A la mort de Kath Ella, il coupe les ponts avec sa famille maternelle et personne ne sait qu’il est noir, à part sa femme.

A l’âge adulte, Warner, son fils, qui pense être blanc, découvre par hasard ses origines et décide de se rapprocher non seulement de la famille de Kath Ella, mais aussi de la famille d’Omar, son grand-père biologique: il découvre que la mère d’Omar, son arrière-grand-mère Zera, âgée de quatre-vingt-dix ans, est toujours vivante et a passé toute sa vie d’adulte en prison…

J’aime beaucoup les sagas familiales, et les thématiques abordées dans « Africville » sont extrêmement intéressantes, j’ai donc ouvert ce livre avec beaucoup de plaisir, et effectivement, la première partie, consacrée à la jeunesse de Kath Ella, est passionnante!

Mon enthousiasme s’est terni quand Etienne est arrivé sur le devant de la scène. Certes, le personnage permet d’interroger les notions de transmission et d’identité : il a été adopté, son prénom a été changé- passant d’Omar à Etienne-, celui qui l’élève est blanc et sa propre peau est blanche, alors que ses parents biologiques sont noirs. L’auteur pose donc la question : qu’est-ce qu’être noir? est-ce uniquement lié à la couleur de peau? peut-on être noir avec une peau blanche? Le tout dans un contexte particulier, puisqu’on est en Alabama, un état où la ségrégation, puis la discrimination raciale est très vive. Mais j’ai trouvé qu’Etienne était terne et manquait de substance, je ne me suis pas attachée à lui, et paradoxalement, alors que le récit entrait dans le vif du sujet, j’ai trouvé que l’histoire s’essoufflait, tout comme mon intérêt.

Le personnage de Warner est quant à lui sympathique et curieux, mais l’intrigue se disperse énormément entre ses problèmes conjugaux, ses relations avec ses collègues, son retour à Africville et l’histoire de ce village, sa prise de contact avec son arrière-grand-mère qui nous plonge dans une ambiance à la Orange is the New Black chez les seniors (d’ailleurs je m’étonne que cette personne extrêmement âgée soit toujours détenue, soixante ans après les faits…)…

L’idée de départ de Jeffrey Colvin est excellente, mais le récit manque de souffle, la trame narrative et l’intensité du début sont étouffées par un trop plein de personnages et de sous-intrigues qui m’ont parfois perdue dans ma lecture et vaguement ennuyée… j’ai lu « Africville » sans déplaisir mais sans enthousiasme non plus. Dommage…

Publié en Août 2020 chez HarperCollins France, traduit par Serge Chauvin, 384 pages.

3e lecture de la Rentrée Littéraire de Septembre 2020.

 

11 commentaires sur “Africville – Jeffrey Colvin

    1. de ce que j’ai compris, il a été détruit dans les années 60… la ville refusait de mettre l’eau courante, l’électricité… tout en prélévant des impôts locaux… et y avait installé une déchetterie en plein milieu…tout était fait (ou pas fait) pour que ce soit considéré comme un bidonville.

  1. J’ai récemment lu L’autre moitié de soi de Britt Bennett qui pose les mêmes problématiques sur la couleur de peau et ce thème d’une personnage noir qui vit une vie de blanc. Pas mal.

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