Le Dernier Ermite – Michael Finkel

« Le Dernier Ermite » est une enquête de Michael Finkel sur un homme à la vie des plus étranges, Christopher Knight.

Dans le coin de Belgrade dans le Maine, les résidences font fréquemment l’objet de cambriolages : on y vole des bouteilles de gaz, des duvets, de la nourriture… et une psychose s’installe. Au bout de plusieurs années, la police finit par attraper le cambrioleur : à la grande surprise de tous, il s’agit d’un homme de quarante-sept ans, Christopher Knight, qui n’a aucun casier judiciaire…il finit par révéler que cela fait vingt-sept ans qu’il vit dans la forêt, isolé, dans un campement bien caché qu’il a constitué avec des objets volés. En effet, il effectuait une quarantaine de cambriolages par an depuis 1986, année où il s’est isolé volontairement. En 27 ans, il n’a parlé que quelques fois, des bonjours à des gens qu’il a croisés.

La population locale est incrédule et pense à une supercherie : comment un homme a-t-il pu vivre dans ces conditions, avec la météo difficile du Maine, sans être découvert pendant plus d’un quart de siècle et sans même tomber malade? Le journaliste Michael Finkel est le seul avec qui Christopher Knight accepte d’échanger. Il lui raconte la jeunesse banale, dans une famille plutôt aimante, d’un garçon assez solitaire mais pas non plus considéré comme bizarre. A l’âge de vingt ans, alors qu’il travaille comme installateur d’alarmes, il part en voiture avec juste une tente et un sac à dos, gare sa voiture et s’enfonce dans la forêt.

Michael Finkel tente de comprendre les motivations de cet homme, et de rattacher son comportement à la tradition des ermites. Le livre est passionnant car le personnage de Christopher Knight est totalement énigmatique : rien ne semble avoir provoqué son isolement, et, sans préparation, il s’est néanmoins complètement adapté à cette vie en-dehors de la société, dans la constitution de son campement, alors que les conditions sont parfois extrêmes, comme dans ses journées solitaires, passées à lire ou à ne rien faire, ou encore dans les milliers de cambriolages qu’il a effectués, alors que cette solitude totale, sur des périodes beaucoup plus courtes, rend souvent fou.

Il y a quelque chose de cependant frustrant dans ce livre puisqu’il n’y a pas de vraie réponse aux questions que l’on se pose, même si l’autisme est envisagé pour expliquer le comportement de Knight. La fin de l’aventure est cruelle et paradoxale pour Knight, car il est envoyé en prison puis libéré sous conditions : il doit vivre avec sa mère, occuper un emploi… passant d’une vie de solitude et d’autonomie complètes à des interactions forcées et un quotidien contrôlé par autrui. Dommage que le livre s’arrête en 2015 ou 2016 – Knight ne souhaitant plus échanger avec le journaliste – qu’est-il devenu, et quelle est sa vie cinq ans plus tard?

Un document qui plaira aux adeptes du nature writing et du survivalisme.

Publié en 2017 chez JC Lattès, traduit par Johan-Frédéric Hel Guedj, 270 pages. En poche chez 10/18.

 

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