Le Corps du Héros – William Giraldi

William Giraldi a grandi dans une petite ville du New Jersey, Manville, et un milieu très masculin. Sa mère est en effet partie lorsqu’il avait douze ans, laissant son père s’occuper seul des trois enfants. Dans la famille, les hommes sont costauds, virils, travaillent dans la construction, parlent peu, réfrènent leurs émotions, et adorent la moto.

William, quant à lui, est un adolescent gringalet et passionné par la littérature. Un jour pourtant, il découvre le bodybuilding via un de ses oncles et commence à s’entraîner avec lui : ses progrès sont fulgurants, il prend rapidement du poids et des muscles, et cette passion devient dévorante puisque toute sa vie tourne désormais autour de l’entraînement et du contrôle de son corps, jusqu’à prendre des stéroïdes pour avoir la musculature parfaite et participer à des compétitions (tout en lisant des livres en cachette)…

« Le Corps du Héros » est un récit autobiographique passionnant, William Giraldi décrit vraiment très bien sa transformation, le rythme obsédant de la préparation, la camaraderie de la salle de gym où il s’entraîne, mais aussi la facette psychologique de cette phase de sa vie : il rapproche son comportement de celui d’un anorexique, évoque son fond dépressif et le sentiment d’abandon que le bodybuilding permet de combler, ou encore la façon dont le bodybuilding lui permet de trouver sa place dans cette famille où les valeurs viriles sont essentielles.

Je pensais que tout le livre traitait de ce sujet, mais c’est seulement la première partie. Dans une deuxième partie, l’auteur raconte le décès brutal de son père, qui meurt à quarante-sept ans dans un accident de moto. Les deux hommes n’avaient pas grand chose en commun et n’étaient donc pas très proches, mais le père a toujours été là pour son fils. William découvre que son père roulait à 160 km/h dans un virage limité à 30. La mort de son père, les circonstances, ses dernières pensées deviennent une véritable obsession, alors qu’il réfléchit aux valeurs qui ont conduit à ce drame – on parlerait sans doute aujourd’hui de « masculinité toxique » – en poussant son père à prendre des risques inconsidérés.

Un très beau livre, rempli de références littéraires, qui est aussi une déclaration d’amour à ce père trop tôt disparu. 

Publié en 2018 chez Globe, traduit par Vincent Raynaud, 302 pages. 

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