39 bonnes raisons de transformer des obsèques hawaiiennes en beuverie – Kristiana Kahakauwila

J’ai découvert ce livre au titre évocateur un peu par hasard, car l’autrice, Kristiana Kahakauwila, sera au Festival America, et notamment à l’affiche d’un VLEEL mettant à l’honneur des recueils de nouvelles…et ce fut une excellente surprise !

Je suis le genre de personne qui dit qu’elle n’aime pas lire des nouvelles…tout en ayant régulièrement de gros coups de cœur pour des recueils ! La lecture de « 39 bonnes raisons de transformer des obsèques hawaiiennes en beuverie » a été un vrai plaisir, car les nouvelles sont toutes très différentes, mais il y a dans ce recueil une vraie homogénéité de niveau et d’atmosphère. 

Le fil conducteur pourrait être la différence et l’opposition, que ce soit entre locaux et touristes, Hawaïens et conjoints d’autre origine, habitant de l’archipel et du continent… peut-être parce que l’autrice est elle-même issue d’une union mixte (son père est Hawaïen) et a grandi en Californie?

La première nouvelle évoque un fait divers impliquant une touriste, raconté par un chœur de femmes – surfeuses, femmes de ménage de l’hôtel, employées de bureau qui sortent dans un bar. La deuxième met en scène une jeune femme, en couple avec un Indien, qui est obsédée par l’idée de venger son père, un coqueleur (éleveur de coqs de combat). La troisième nous met en présence d’un couple dont les différences vont être exacerbées lorsqu’ils rencontrent un chien errant sur la route. La quatrième – dont le titre donne son nom au recueil- raconte les obsèques d’une grand-mère en 39 verres d’alcool. La cinquième raconte l’histoire d’une famille marquée à la fois par les infidélités du père et par un drame, tandis que la sixième met en scène le retour d’un jeune homme vivant sur le continent, qui cache un secret, pour être au chevet de son père mourant.

L’écriture de Kristiana Kahakauwila a une vraie force évocatrice, elle est à l’aise aussi bien pour créer de la tension que pour donner une dimension psychologique à des microcosmes familiaux, avec toujours une touche d’humour, même dans les moments les plus sombres. L’autrice ne semble avoir pour l’instant seulement écrit ce recueil de nouvelles, qui date déjà de 2013, j’espère vraiment qu’elle publiera d’autres ouvrages, car c’est une plume talentueuse, et je serais curieuse de la retrouver sur des formats plus longs.

Publié en 2022 au Vent des Iles, traduit par Mireille Vignol, 221 pages.

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