Maggie Terry – Sarah Schulman

La « Maggie Terry » du titre a souffert pendant de nombreuses années de multiples addictions. Sortie tout juste d’une cure de désintoxication de dix-huit mois, elle retrouve une vie certes désormais sobre, mais bien vide : sa compagne Frances l’a quittée et elle n’a pas l’autorisation de voir leur fille Alina âgée de sept ans, elle a été virée du NYPD où elle était policier, et a perdu son coéquipier de toujours, Julio.

De réunion AA en réunion AA, Maggie tente de se réapproprier sa vie et de retrouver ses marques dans un New York où tout semble avoir changé. Une connaissance l’engage dans son cabinet de détectives privés, et la jeune femme se retrouve à enquêter sur la mort d’une actrice…

Je ressors mitigée de ce livre que j’avais envie de lire depuis plusieurs mois. Le point fort est clairement son ambiance : l’autrice Sarah Schulman décrit très bien cette atmosphère brumeuse, à la limite du fantomatique, dans laquelle évolue Maggie Terry, ainsi que la confusion qui agite son esprit. Elle se débat avec l’envie de replonger, semble perdue dans une ville dont elle maîtrisait autrefois parfaitement les codes, est hantée par le délitement de sa famille et par des traumatismes de l’enfance. La quatrième de couverture fait référence à Sara Gran, et effectivement j’ai pensé plusieurs fois à l’ambiance des enquêtes de Claire DeWitt durant ma lecture.

Cependant, si l’état embrumé de Maggie Terry est bien rendu, quitte à ce que le récit tourne parfois un peu trop en rond, l’enquête est le point faible de ce roman. Il y a d’ailleurs deux axes narratifs, car en sus des investigations sur la mort de la jeune actrice, il y a également un drame qui a frappé Julio l’ancien coéquipier de Maggie – son fils, lui aussi policier, ayant été accusé d’une bavure. Outre quelques détails un peu bizarres (l’histoire se passe en 2017 et Maggie ne semble pas savoir se servir d’un téléphone portable?), l’intrigue est assez embrouillée, avec des éléments épars – des échanges très opaques avec le petit ami de la victime, et avec son père, et une résolution in extremis qui sort de nulle part…

Petite déception, donc, mais avec un style qui reste assez intéressant pour que je jette un oeil aux autres livres que l’autrice a déjà publiés.

Publié en Mai 2021 aux éditions Inculte, traduit par Maxime Bérrée, 296 pages.

Laisser un commentaire

Votre adresse de messagerie ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *