« Le Diable, tout le temps » est un roman paré d’une réputation de glauquitude aiguë qui m’avait jusque là retenue de le lire…Mais la venue de Donald Ray Pollock au festival América de Vincennes, et le Mois Américain, étaient deux bonnes occasions d’enfin ouvrir ce livre récent mais déjà culte.
C’est un roman choral où l’on croise une multitude de personnages sur une quinzaine d’années: un père de famille, Willard, vétéran de la Seconde Guerre Mondiale ayant servi dans le Pacifique, qui fait son possible pour sauver sa femme atteinte d’une maladie incurable, entraînant son jeune fils Alvin dans une spirale de violence; deux prédicateurs persuadés qu’ils ont le pouvoir de ressusciter les morts; un shérif à la morale douteuse; un couple qui assassine en série des auto-stoppeurs; un pasteur concupiscent et amateur de jeunes filles.
Certains de ces personnages sont des archétypes de romans noirs (les prédicateurs dérangés, l’homme d’Eglise libidineux; les serial killers d’auto-stoppeurs) pourtant Donald Ray Pollock ne tombe jamais dans le cliché, bien au contraire. Il réussit non seulement à faire vivre des personnages extrêmement sombres, mais à les rendre attachants malgré leur folie ou leur violence. Certains semblent avoir le mal en eux, d’autres auraient sans doute mené une vie normale sans avoir fait la rencontre d’une personne qui a révélé leur part la plus sombre, Alvin quant à lui est un jeune homme bon mais qui fait preuve de violence par la force des choses.
Il règne dans ce livre une atmosphère sombre et poisseuse, une ironie morbide extrêmement intéressantes. Les personnages et l’histoire sont glauques, mais malgré les situations dérangeantes, je n’ai pas ressenti de malaise à la lecture du « Diable, tout le temps », je me suis laissée porter par le récit, et par le talent de Donald Ray Pollock pour normaliser la folie de ses personnages -comme le couple des auto-stoppeurs qui mène une vie banale voire même ennuyeuse, et part tuer comme il partirait à l’usine.
C’est donc une belle découverte que ce roman atypique, qui marquera sans nul doute ma mémoire d’une forte empreinte littéraire.
C’est ma première contribution pour le Mois Américain
Retrouvez ici l’avis des Bibliomaniacs sur ce livre.
Bonsoir,
Une atmosphère "poisseuse" en effet… Je crois que c'est un des qualificatifs qui revient le plus souvent à propos de ce roman, et c'est vrai qu'il est très juste, puisqu'il rend bien cette sensation quasi physiologique que suscite la lecture…
http://bookin-ingannmic.blogspot.fr/2014/08/le-diable-tout-le-temps-donald-ray.html
A bientôt..
Merci Ingannmic pour ton commentaire, je vois qu'on a un peu eu la même impression en lisant ce livre…
Un énorme coup de cœur pour moi, cet auteur a un talent fou. J'espère que tu liras aussi son recueil de nouvelles, c'est du tout bon !
Knockemstiff? ok je te suis les yeux fermés 🙂
Je suis d'accord mais j'ai été gênée par le tout-glauque à certains moments
dit la fan de Vann 😉
ça fait un moment que je veux le lire et tu me donnes envie !
il est vraiment très très bien,lance toi 🙂
;;;dans ma pal depuis (trop) longtemps…
il se lit vite et bien 🙂