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Ayant lu tous les romans d’Arnaldur Indridason publiés en français – curieusement, les deux premières enquêtes du commissaire Erlendur n’ont toujours pas été traduites, que ce soit en français ou en anglais – j’ai été ravie d’apprendre qu’un nouveau livre de cet auteur était en librairie…Enfin nouveau en France, car il a été écrit en 1999. Ce n’est pas une enquête d’Erlendur, mais un roman « à part », comme « Betty » – que j’avais beaucoup aimé – ou « Le Livre du Roi » – que j’avais détesté. Alors, comment est cette « Opération Napoléon »?
En 1945, un avion s’écrase dans un glacier islandais. L’un des survivants décide d’aller chercher du secours et s’enfonce dans le blizzard, une mallette menottée à son poignet. Les militaires américains dépêchés sur place n’arriveront pas à retrouver l’avion, ni cette année-là, ni lors des expéditions suivantes, des années après. En 1999, grâce à des satellites perfectionnés, la carcasse est repérée, et les forces spéciales de l’armée américaine tentent de la dégager lors d’une mission secrète. Deux jeunes randonneurs islandais surprennent par hasard la manœuvre, et avant d’être réduit au silence, l’un deux, Elias, a le temps de prévenir sa sœur aînée, Kristin. Celle-ci se lance à la recherche de son frère.
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Pas de temps mort dans cette histoire, qui est une course poursuite effrénée sur trois cents pages. Un peu trop effrénée d’ailleurs, car tout s’enchaîne à toute vitesse, et tout fait mouche, chaque fois qu’un nom est indiqué à Kristin pour l’aider, la personne est chez elle et est capable de lui donner la bonne information au bon moment, on est bien loin des enquêtes d’Erlendur qui prennent souvent leur temps. Quant aux méchants, ils sont vraiment très méchants, à la limite de la caricature des services secrets américains dans les romans d’espionnage. Une intrigue un peu plus étoffée n’aurait pas nui à l’histoire, car tout se joue en quelques jours, l’héroïne passant son temps à courir d’un point à l’autre du pays à la recherche de son frère et de la vérité, ce qui peut être épuisant pour le lecteur qui n’a pas l’habitude de ce rythme dans les autres romans de l’auteur.
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Arnaldur Indridason s’appuie dans ce roman sur la présence d’une base aérienne américaine sur l’aéroport de Keflavik jusqu’en 2006, une présence décriée par beaucoup d’Islandais, mais aussi source de revenus importants pour le pays. L’auteur étaye son intrigue sur d’autres faits réels, notamment la présence de Neil Armstrong en Islande en 1967. La quatrième de couverture nous apprend que l’avion qui s’est écrasé contenait des passagers à la fois américains et allemands, et je dois dire que le nœud de l’intrigue, la raison pour laquelle l’avion doit absolument être retrouvé par les militaires américains est plutôt original, je ne m’y attendais pas et j’ai trouvé qu’Arnaldur Indridason avait eu une excellente idée.
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« Opération Napoléon » d’Arnaldur Indridason surprendra les aficionados du commissaire Erlendur : l’intrigue est radicalement différente de ce a quoi nous sommes habitués avec cet auteur, puisque le livre est un thriller sur fond historique, beaucoup plus trépidant mais aussi moins fouillé que les autres romans d’Indridason. L’originalité de l’hypothèse mise en avant par l’auteur, et aussi sa façon d’utiliser le climat islandais pour créer une atmosphère d’enfermement – les fameuses tempêtes de neige où disparaissent les gens, qui sont un fil conducteur de la série Erlendur – rattrapent le côté parfois bâclé de l’intrigue pour donner un livre agréable à lire et distrayant, dont j’ai particulièrement aimé la fin. A noter qu' »Opération Napoléon » est traduit de l’anglais et non de l’islandais car Indridason avait profité de la traduction anglaise pour revoir quelques éléments de son texte original. Et pour les fans d’Erlendur, un nouveau roman d’Arnaldur Indridason qui a priori aborde lui aussi la thématique de la présence américaine en Islande, et dont le titre anglais est Camp Knox, sera publié en Février chez Métailié.
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Publié le 1er Octobre 2015 aux Editions Métailié, traduit par David Fauquemberg, 350 pages.
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20e participation au Challenge 1% Rentrée Littéraire 2015.
Je l'avais lu en anglais – trouvé à Bangkok en 2012. Loin de la neige et du froid. A l'époque, personne n'en avait parlé en France donc j'étais surprise de trouver un roman d'Indridason inconnu au bataillon. C'était plus comme tu dis différent de ses autres romans, le rythme plus soutenu, plus thriller mais c'était une très agréable lecture de vacances.
Un thriller historique, as du tout pour moi ça !
@ Jérôme : je me doutais un peu de ta réaction ^^
@Electra : oui je me souviens que tu m'avais dit l'avoir lu à Bangkok en anglais… c'est clair que c'est une lecture efficace… à un moment donné, il y avait une grosse différence entre ce qui avait été traduit en anglais, et ce qui avait été traduit en français, c'est a priori rattrapé, mais les deux premières enquêtes d'Erlendur n'ont jamais été traduites de l'islandais, ni en français ni en anglais…je ne sais pas pourquoi, mais en traduction, les enquêtes commencent en fait au tome 3!
Bonjour Eve, ce livre de "jeunesse" publié en 1999 avant le premier Erlendur se lit agréablement mais j'ai été aussi déçue par la fin qui m'a apparu peu réaliste. Merci pour l'info concernant "Camp Knox". Bonne journée.
Un vrai ratage pour moi.
@ Dasola : oui on sent qu'il ne maitrise pas très bien son intrigue…
@ Valêrie : j'aurais étê étonnée qu'il te plaise !