Philippe Grimbert, enfant, s’est inventé de façon obsessionnelle un frère aîné, plus beau, plus grand, plus fort. Il s’approprie également un chien en peluche trouvé dans le grenier familial, et qu’il appelle Sim. C’est à l’adolescence que Louise, l’amie de la famille, lui raconte les années de guerre et la rencontre de ses parents, Maxime et Tania. Maxime avait alors une épouse, Hannah, sœur du mari de Tania, et un fils, Simon… ce qui aurait pu être une banale histoire de famille va alors se heurter à l’Histoire avec un grand H.
La vie de Philippe s’est construite sur la culpabilité familiale liée à une double secret: une liaison pouvant être vue comme amorale, et deux morts dont on ne parle pas. Plus une judéité dissimulée par la négation de la tradition et un changement de nom de famille.
Un « m » pour un « n », un « t » pour un « g », deux infimes modifications. Mais « aime » avait recouvert « haine », dépossédé du « j’ai » j’obéissais désormais à l’impératif du « tais ».
Mais son inconscient va redonner sa place au fils aîné dont on tait l’existence comme la mort, et à ses racines lorsqu’il frappe avec une violence inédite le camarade de classe qui lançait des blagues stupides pendant la projection d’un documentaire sur les camps. C’est pour Philippe Grimbert la genèse de son travail de psychanalyste.
L’image de Simon, figé dans son enfance, et vu par Philippe Grimbert comme l’enfant parfait et idéal pour son père m’a fait penser au roman graphique Maus, où l’auteur Art Spiegelman considère avec jalousie le portrait de Richieu, le fils aîné de ses parents, mort pendant la guerre, forcément plus beau et plus sage que lui.
« Un Secret » est un texte court, mais intense, tout en douce tristesse et émotion, même si j’ai trouvé l’épisode du rapprochement charnel entre les parents un peu mièvre et évitable.
C’est un récit marquant car la rencontre des parents de Philippe et la formation de leur couple est tout sauf banale, et qui met en avant l’importance de la parole pour se libérer du poids de son passé et de son hérédité.
Cette lecture rentre dans le cadre de deux challenges d’Enna, puisque le livre a reçu à la fois le Goncourt des Lycéens en 2004 et le Prix ELLE en 2005.
Jamais lu cet auteur. Et pourtant je pense qu'il a tout pour me plaire.
c'est un texte court, ça se lit très vite 🙂
C'est drôle que tu fasses un billet sur ce livre aujourd'hui car j'en parlais (façon de parler) avec Galéa hier, suite à mon billet sur un roman dont le thème est proche de ce qu'écrit Grimbert. J'ai vu le film et je n'en ai aucun souvenir. Et j'ai lu deux fois Grimbert mais pas ce titre) et j'ai été déçue à chaque fois.
j'ai des antennes 🙂
le film m'avait bien marquée…et je n'ai rien lu de Grimbert à part ce titre…
j'avis été déçue à deux reprises par cet auteur..
je n'ai pas lu d'autres livres de lui…
J'avais absolument adoré ce roman lu à sa sortie, je me demande si je serais aussi enthousiaste aujourd'hui. Ce qui est certain c'est que c'est de très loin son meilleur selon moi.
il faut dire qu'il y a vraiment de la matière…ce genre d'histoire ne court clairement pas les rues…
je me souviens avoir trouvé ce roman très fort et du coup je n'ai toujours pas vu le film (mais maintenant que le roman s'est un peu effacé pour moi, je pourrais peut-être le voir!
je garde un bon souvenir du film, Cécile de France et Patrick Bruel étaient très bien, et le scénario est fidèle au roman.
J'ai beaucoup aimé ce roman que j'ai lu l'an dernier, il est en effet court mais intense, pleine d'émotion !
je l'avais déjà lu il y a quelques années, et je m'en souvenais bien, il m'avait vraiment marquée