Dans la mouvance des « Disparus » de Daniel Mendelsohn, Colombe Schneck enquête sur sa famille juive lituanienne durant la Seconde Guerre Mondiale, un intérêt qui naît chez cette écrivain lorsqu’elle est enceinte et que sa mère lui demande de nommer sa future fille Salomé, en mémoire de sa cousine assassinée enfant par les Nazis, dont elle n’a jamais entendu parler.
Colombe Schneck, dont la grand-mère Ginda est arrivée en France dans les années 20, n’a jamais vraiment su ce qu’il s’était passé pour la famille restée en Lituanie, sa grand-mère s’étant réfugiée dans le silence et la rigidité, dans lesquels elle a élevé sa fille- la mère de Colombe.
Les soeurs de Ginda, Raya et Macha, son frère Nahum, leur mère Mary, leurs maris Ulli et Max et leurs enfants Salomé et Kalman sont restés en Lituanie, où ils ont dû aller habiter dans le ghetto en 1941. En 1943, ils sont sélectionnés et envoyés en camps. Mary et les enfants seront gazés, Ulli et Max mourront en déportation.
Colombe fait le tour de la famille qui lui reste, en France, Israel et Etats-Unis pour en savoir plus. Elle découvre une histoire lourde de deuil et de tristesse, mais aussi remplie de vie et d’amour: l’amour entre les deux soeurs Raya et Macha qui leur permettra de survivre au ghetto, à la déportation, à la marche forcée, aux deuils, elles qui connaîtront des destins parallèles, chacune subissant la perte de leur mari et de leur enfant unique. L’amour retrouvé également, de façon parallèle, pour les deux sœurs, qui se remarieront juste après la guerre et qui auront d’autres enfants. Le frère, Nahum, rencontrera aussi l’amour dans le ghetto, il épousera Myriam en 1942- les conjoints se retrouveront, chacun de retour de déportation, après la guerre.
Colombe découvrira également le choix, peut-être choquant à première vue, qu’ont dû faire les soeurs Raya et Macha, mères de famille, pour pouvoir espérer survivre.
Ceux qui auront lu et aimé Les Disparus de Daniel Mendelsohn trouveront peut-être « La Réparation » de Colombe Schneck moins fouillée, moins profonde, mais la grande différence est que Colombe Schneck s’intéresse plus aux survivants, notamment à ses deux tantes qu’elle n’a pas connues personnellement, puisqu’elles sont décédées avant sa propre naissance, en 1966 (l’ayant croisée plusieurs fois, je pensais qu’elle avait dix ans de moins!), et qui ont eu la résilience de refaire leurs vies, d’avoir d’autres enfants, de s’installer dans un autre pays. Colombe Schneck évoque également les enfants de Raya et Macha nés après guerre, de leur deuxième mariage, avec des maris qui eux-mêmes ont perdu femmes et enfants, les « enfants de remplacement » qui vivent avec le poids de ces deuils, et se rendent compte qu’ils doivent la vie aux décès de ces frères et soeurs qu’ils n’ont pas connus et qu’ils imaginent forcément plus beaux et plus sages qu’eux, comme Art Spiegelman dans « Maus » ou Philippe Grimbert dans « Un Secret ».
Colombe Schneck retrace dans ce court récit ses entretiens avec les différents membres de sa famille, ses interrogations, ses angoisses, son état d’esprit, elle qui se considère comme superficielle, aimant le luxe, bronzer au bord de la piscine d’un bel hôtel et qui se retrouve confrontée à toute la noirceur de l’Histoire. Quelques photos parsèment le livre, pour mettre un visage sur les protagonistes- on y voit notamment la mère de Salomé, Raya, dans le visage de laquelle on retrouve de façon furtive les traits de Colombe Schneck. C’est un récit personnel et touchant et qui malgré les faits tragiques qu’il évoque, est porteur de beaucoup d’amour. « La Réparation », ce n’est pas le chèque que sa grand-mère touche dans les années 70, ce ne sont pas les 1500 euros que Colombe Schneck reçoit en compensation d’un appartement spolié (!), mais la faculté à rebâtir sa vie et à avancer, à connaitre de nouveau l’amour et l’enfantement, malgré les horreurs et les deuils vécus, et c’est ce qui m’a le plus touché dans ce livre.
Bon ça a l'air intéressant et …ça me rappelle de lire "les disparus"
ah oui!!!
Depuis qu'on ma fait lire un roman de Schneck pour le prix Elle 2009, je ne peux plus voir cette auteure. J'avais envie de lui mettre des baffes en lisant son roman, et je ne suis pas une grande violente d'habitude.
ben Valérie?:-) c'était quel titre?
Pourquoi pas, cela pourrait me plaire…!
bonne soiré!
tant mieux si ça te donne envie de le lire 🙂