J’avais beaucoup aimé « Chambre 2 » le premier roman de Julie Bonnie, et j’ai donc été ravie de retrouver cette auteur avec « Mon Amour, », son nouveau livre.
Un homme et une femme viennent d’avoir une petite Tess. Mais alors que le bébé n’a que quatre jours, l’homme, pianiste de jazz, doit partir en tournée mondiale pendant un mois, laissant derrière lui à Paris sa femme et son enfant. « Mon amour, » est un roman épistolaire, un échange de lettres entre l’homme – « Mon amour, »- et la femme – « Ma fée »-, des lettres qui ne seront pas envoyées mais qui décrivent leur état d’esprit durant cette séparation.
D’un côté il y a Fée, qui découvre tout juste la maternité et jongle entre un enfant nouveau né avec qui elle est laissée en tête à tête et un corps changé par la grossesse et l’accouchement. Elle aime son compagnon, dont on ne saura que le nom de famille, Diniski, mais ne peut s’empêcher de se sentir abandonnée par cet homme qui la laisse se débrouiller seule avec leur enfant alors qu’elle se remet à peine de l’accouchement, et sent en elle monter le doute sur les capacités de Diniski à être père quand il lui téléphone complètement ivre après les concerts ou quand il ne lui demande pas de nouvelles de Tess.
De l’autre, il y a Diniski, qui voyage de pays en pays, qui se sent à la fois coupable et dans son droit d’avoir laissé sa femme et son bébé, la tournée ayant été prévue avant la conception de Tess, et l’enfant ayant été désirée par Fée et pas par lui. La naissance de l’enfant le renvoie à ses propres démons, son propre père – grand pianiste à qui on le compare sans cesse, et notamment pendant cette tournée – ayant abandonné sa mère et lui quand il avait douze ans, pour refaire sa vie au Mexique.
D’un côté, une mère et son enfant à Paris, sédentaires, qui font face, s’apprivoisent, et sont tournées vers l’avenir. De l’autre, un électron libre, mobile de pays en pays, qui vit l’instant présent mais ne peut se détacher de son passé. Puis apparaissent dans les échanges d’autres personnages qui prennent la parole: Mathilde, amie de longue date de Fée, de passage à Paris, et Georges, un ami peintre de Mathilde.
Un mois, ce n’est finalement pas si long, mais cela suffit pour bousculer toutes les certitudes, se rendre compte d’un fossé dont on n’avait pas conscience, envisager sa vie sans l’autre.
Les thèmes abordés dans ce roman sont dans la continuité de ceux de « Chambre 2 » – le couple, la maternité, l’art, le manque et les regrets – mais leur traitement est très différent, et les deux livres ne sont pas similaires. J’ai un peu de mal avec les romans épistolaires, je trouve que la succession de lettres nuit à la fluidité d’un récit, et lui donne un côté poussif, ce que j’ai regretté au début de « Mon amour, », puis je me suis habituée pour me laisser happer dans ce roman.
Je ne peux bien sûr pas dévoiler la fin, mais je l’ai quand même trouvée plutôt glaçante en y réfléchissant quelques jours plus tard. »Chambre 2″ m’a plus marquée, mais ce second roman de Julie Bonnie est une jolie réussite.
Publié le 4 Mars 2015 aux Editions Grasset, 224 pages.
pour ma part, une préfrérence pour celui-ci
Je n'ai pas lu Chambre 2 mais je viens de finir celui-là… qui me laisse une impression un peu amère… Billet à venir… un jour 😉
J'ai lu beaucoup de bonnes choses sur ce titre mais non, il ne m'attire pas, alors qu'il aurait tout pour.
on en parle tellement sur les blogs qu'on a l'impression de l'avoir pratiquement lu avant de l'avoir ouvert…effet pervers …dommage…
J'aime assez les romans épistolaires mais là le thème ne me tente pas.
@Tiphanie : moi c'est l'inverse, le thème était tentant, mais je n'aime pas les romans épistolaires!
@Mior: oui c'est le petit défaut de la blogosphère!
@Tant qu'il y aura des livres : faut pas forcer!
@Noukette : j'attends ton billet!!
@Clara : on se complète bien, alors 🙂