Dans le jardin de l’ogre – Leila Slimani

J’avais repéré « Dans le jardin de l’ogre » de Leila Slimani lors de sa sortie à la rentrée littéraire 2014, sans avoir eu l’opportunité jusque là de lire ce premier roman au sujet sulfureux puisqu’il traite de nymphomanie.

Attention ce n’est pas un roman érotique, et si bien sûr il y a quelques scènes de sexe, il n’y en a finalement pas beaucoup plus que dans la plupart des romans, et elles ne sont pas crues du tout.
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Adèle, 35 ans, a en apparences une vie parfaite. Journaliste, mariée à un chirurgien, mère d’un petit garçon, elle mène une vie confortable à Paris. Pourtant sa vie ne la satisfait pas, et elle multiplie en cachette les aventures sexuelles.
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Le sujet du livre, une femme qui a besoin d’aventures pour se sentir exister, est très intéressant, pourtant je n’ai pas accroché au « Dans le jardin de l’ogre », surtout car je ne me suis pas attachée à l’héroïne, qui ne m’a pas du tout touchée. Adèle est une femme complètement détachée d’elle-même, qui n’aime rien dans sa vie. Elle s’ennuie au travail, n’aime pas son mari, n’aime pas son fils, est insatisfaite de tout et méprisante envers tout le monde. Tout est dans les apparences, et on comprend vite qu’elle a épousé son mari parce qu’il était chirurgien et était le moyen pour elle d’échapper à son milieu modeste et sans réelle perspective. Adèle n’aime pas non plus ses amants – il n’y a pas de sentiments dans cette histoire – elle ne les désire pas non plus d’ailleurs, elle veut juste qu’on la remarque, qu’on la désire, et se sentir exister pour échapper à l’ennui de sa vie, un ennui créé par le fait qu’elle prend des décisions par intérêt et pour les apparences, et pas par plaisir ou amour. D’ailleurs son « amie » – la relation est unilatérale, Adèle la méprise en cachette et a couché avec son compagnon – pointe le problème du doigt : Adèle pourrait mener une vie de célibataire qui serait plus en phase avec sa mentalité, mais elle ne veut surtout pas perdre le confort d’une vie maritale et son statut de femme mariée et mère de famille.
Alors, oui, malgré tout, je n’ai pu m’empêcher d’être intriguée par cette femme qui se noie dans le sexe comme un ivrogne se noie dans l’alcool, qui semble vide, sans repère, sans consistance à l’image de son corps de plus en plus maigre. Rien ne peut la rendre vraiment heureuse, elle n’est ni jouisseuse ni épicurienne – ce n’est pas une femme qui s’éclate dans la luxure, elle est juste à la dérive. Pourtant le style froid et méthodique du récit m’a empêchée d’aller plus loin que la curiosité et de m’attacher à elle. J’ai lu ce court roman rapidement, mais en restant à distance, en spectatrice.
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« Dans le jardin de l’ogre » de Leila Slimani est donc un roman qui m’a laissée perplexe – j’ai été attirée par le sujet, mais la personnalité peu attachante de son héroïne et le style froid – à mille lieux de ce qu’on pourrait attendre d’un roman sur la nymphomanie – m’ont empêchée de vraiment rentrer dans ce livre.
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Publié le 28 août 2014 chez Gallimard, 224 pages.
57e contribution au Challenge 1% rentrée littéraire 2014 organisé par Hérisson

3 commentaires sur “Dans le jardin de l’ogre – Leila Slimani

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