Après s’être inspiré de l’histoire paternelle dans « L’origine de la violence », Fabrice Humbert, dont la famille semble être une source d’inspiration constante, s’attelle maintenant au côté maternel avec « Eden Utopie »…
Vu ce que j’avais entendu du livre, je pensais qu' »Eden Utopie » évoquait la vie dans un phalanstère, mais ce n’est pas du tout le cas. Fabrice Humbert, inspiré par les Rougon-Macquart nous livre un récit à la base autobiographique mais quand même romancé car des noms et des faits ont été changés, sur trois générations, dans lequel nous entrons avec un arbre généalogique simplifié
Les années 60 marquent un tournant décisif dans l’histoire de ces deux branches familiales. En effet, la plus jeune fille de Madeleine – Danièle, la mère de Fabrice Humbert – vive et très jolie, fait un beau mariage puisqu’elle épouse un cadre de Renault qui deviendra plus tard président d’Air Inter. A eux les grands appartements parisiens et les festivals du Sud de la France, tandis que les enfants de Sarah choisissent de travailler en usine ou dans le secteur social. Dans les années 70 et 80 leurs propres enfants continueront dans la même direction, mais de façon plus musclée : Elise, petite-fille de Sarah, passera plusieurs années en prison pour avoir côtoyé les membres d’Action Directe.
Ce qui m’a beaucoup intéressée, c’est l’analyse de ce qui a poussé cette générations post- soixante huitarde vers le terrorisme : pour le frère d’Elise, leur éducation protestante les a préparés au militantisme pur et dur, avec le goût pour la communauté et la rigidité de pensée, mais il y a aussi cette sensation d’arriver après la bataille, alors que les pères avaient vécu la seconde guerre mondiale, et les frères s’étaient illustrés pendant Mai 68, qui pousse à se radicaliser. Fabrice Humbert évoque notamment deux livres, « Le jour où mon père s’est tu » de Virginie Linhart, que je viens de me procurer, et les deux volumes de « Génération » de Patrick Rotman et Hervé Hamon, avec lesquels je souhaiterais compléter ma lecture.J’ai été passionnée par « Eden Utopie » de Fabrice Humbert, que j’ai lu quasiment d’une traite, j’ai plongé avec grand intérêt dans cette famille aux destins pluriels et mouvementés. Un livre très différent de « L’origine de la violence » ou de « La fortune de Sila » mais qui m’a plu tout autant.
Publié le 26 Février 2015 chez Gallimard, 288 pages.
J'avais trouvé Génération absolument passionnant, et j'avais beaucoup aimé un précédent livre de cet auteur, La fortune de Sila.
En revanche, j'avoue n'avoir pas du tout accroché avec ce livre, même s'il ne manque pas d'intérêt. Mais j'ai trouvé qu'Humbert hésitait trop entre récit autobiographique et document, entre un parti pris résolument personnel et le recul du journaliste pour parler vite. J'ai vraiment eu l'impression qu'il hésitait entre deux livres, ce qui m'a vraiment gênée…
Si tu le souhaites, je t'invite éventuellement à lire le billet que j'avais publié sur mon blog. Tu me diras si tu as perçu quelque chose de cet ordre ou pas du tout !
http://delphine-olympe.blogspot.fr/2015/02/eden-utopie-fabrice-humbert-gallimard.html
@Delphine Olympe : j'ai hâte de lire le Linhart et Génération…j'avais lu ton billet avant ma lecture d'ailleurs. Je comprends ce que tu dis car effectivement Fabrice Humbert est pris en porte à faux entre son côté partie prenante puisqu'il fait partie de la famille et son côté enquêteur…mais je n'ai pas été gênée par cette position effectivement un peu inconfortable (même si, comme je l'écris, j'ai senti parfois un petit côté "revanchard" dans certaines réflexions), et ça n'a pas entamé mon plaisir de lecture. ce qui est un peu dommage, c'est qu'il a changé certaines choses, notamment les noms de famille alors qu'il présente bien le livre comme un récit autobiographique, donc forcément se pose la question de savoir s'il a également inventé ou changé certains faits qu'il relate.
Ce billet pour la date du 29 juillet 2015 : ça m'épate !
Comme Sandrine, lire vers le futur 😉
Ce que tu en dis me fait penser que ce roman pourrait aussi me plaire. J'aime toujours les romans où on découvre des pratiques religieuses (je ne connais pas spécialement le protestantisme) et où on entre dans des milieux sociaux différents.
Je ne connais aucun de ces livres même si j'ai déjà entendu parler de lui (et vu à LGL) ce récit m'intéresse car il est historique et les années 70 qui ont vu cette bascule vers le terrorisme m'intéresse beaucoup. Donc je le note, merci !
@Electra : moi aussi cette période post Mai 68 m'intéresse beaucoup, c'est une des raisons pour laquelle j'avais vraiment envie de lire ce livre
@Fleur: c'est plus l'esprit protestant qui est mis en avant plutôt que les pratiques, mais c'est vrai que le protestantisme est peu représenté dans la littérature française. Je pense effectivement qu'il te plaira
@Laure et Sandrine : oui le billet était censé être publié le 29 mais un bug l'a sauvagement mis en ligne le 17…alors que le billet n'était même pas fini! Heureusement je m'en suis aperçue assez vite mais c'était super bizarre. J'ai quand même réussi à changer la date, car les billets suivants se plaçaient en dessous comme des billets plus anciens et pas au-dessus!
il est dans ma LàL
Pour ton petit souci de publication, ça m'est arrivé aussi – j'avais écrit un billet puis je l'avais oublié et quand je l'ai publié il n'apparaissait pas (il s'était glissé à la date réelle de création trois semaines avant) 🙂 Depuis, je fais attention si je veux publier un billet vieux de quelques jours de bien me placer dans le titre, faire tab – save et publier. J'ai remarqué qu'ainsi jamais de bug !
@Electra: merci pour le tuyau! j'ai pas mal de bugs avec Blogger en ce moment, notamment le texte et les images qui bougent tout seuls…c'est super frustrant!