« Toxique » de Samanta Schweblin, qui est à l’affiche ce mois-ci de notre 40e (!) émission de Bibliomaniacs, est un court roman argentin à l’ambiance vraiment très peu commune!
Difficile de parler de ce livre, voire même de le résumer, tant il est particulier. Amanda est en vacances avec sa petite fille Nina. Le sujet de « la distance de secours » est récurrent dans les pensées de la jeune mère : cette fameuse distance maximale qui lui permet de porter secours à son enfant si celle-ci est en danger. Amanda rencontre Carla qui, elle aussi, est mère. Carla semble avoir peur de son petit garçon, David. Elle raconte à Amanda que celui-ci s’était empoisonné en buvant de l’eau de la rivière contaminée. Une guérisseuse l’avait sauvé, mais depuis l’enfant n’est plus le même, et il serait devenu dangereux, surtout pour Nina.
L’histoire nous est racontée sous la forme d’un dialogue entre Amanda et David. Sans savoir vraiment ce qu’il s’est passé, on devine qu’un drame s’est produit. Amanda semble être malade, le temps a l’air d’être compté, et David lui demande sans cesse des précisions, et d’examiner sous un angle différent les scènes qu’elle raconte.
« Toxique » est un roman qui prend aux tripes. L’urgence de la situation, et le fait de ne pas avoir tous les éléments en main, de ne pas savoir si on est dans la réalité, dans un rêve, dans un fantasme, sont très dérangeants. Si l’angle sous lequel est raconté l’histoire nous fait nous attacher à Amanda et à sa petite fille Nina, on ne sait pas à qui se fier: Carla est-elle vraiment une mère désemparée? David un petit garçon malade? et quid du récit d’Amanda? N’est-il pas altéré par la maladie, ou par la naïveté?
Le lieu-même où se situe le récit est étrange : on nous parle de belles maisons, de Carla en bikini doré, mais aussi d’eau empoisonnée, de vaudou, d’enfants malades, d’un hôpital…d’où vient le danger? de l’environnement ou d’êtres humains?
« Toxique » de Samanta Schweblin est un roman court mais très marquant car il est vraiment perturbant. Plusieurs semaines après sa lecture, je me sens vaguement angoissée quand j’y repense. La faute à cette ambiance oppressante, mais aussi au fait que le récit apporte plus de questions que de réponses. Un roman OVNI, dérangeant, au sujet duquel chaque lecteur aura certainement une interprétation différente.
Publié en Avril 2017 chez Gallimard, traduit par Aurore Touya, 128 pages.
Hum intrigant. C’est néanmoins le genre de roman qui peut me laisser sur le bord de la route, car trop déstabilisée par le manque d’éléments. Mais je note quand même dans un coin, ton avis à suscité ma curiosité.
ah oui, il est vraiment particulier et déroutant! mais il sort de l’ordinaire, un roman qui se démarque du lot
Je viens de le découvrir dans les nouveautés de la bibli, et c’est noté!
court et efficace ! 🙂