Au Festival America, il n’y a pas seulement des auteurs américains ou canadiens, il y a également des auteurs cubains ! L’occasion de découvrir la romancière Karla Suarez, qui y sera présente, avec son roman « Le Fils du Héros ».
Le narrateur, Ernesto, est un petit garçon insouciant de La Havane, dont les seules préoccupations sont les jeux avec ses amis et ses premières amours. Mais un jour, ce bonheur vole en éclats avec la mort de son père, tué dans la guerre que mène Cuba en Angola. La famille d’Ernesto ne se remettra jamais de ce drame. Des années plus tard, Ernesto, qui a désormais la quarantaine et vit à Lisbonne, n’a toujours pas fait le deuil de son père et nourrit une véritable obsession pour la guerre en Angola, au grand dam de sa femme Renata. Dans un troquet, il rencontre Berto, un homme de la même génération que son père, qui lui aussi a combattu en Angola…Le récit alterne des épisodes de l’enfance d’Ernesto, et sa vie d’aujourd’hui à Lisbonne.
J’ai beaucoup aimé les épisodes de l’enfance d’Ernesto : une enfance heureuse, avec beaucoup de ferveur envers le communisme cubain, qui semblait alors porteur d’espoir et plein d’opportunités, et des jeux et des surnoms inspirés des classiques de la littérature française. L’intervention de Cuba en Angola était alors gardée secrète, les hommes ne partaient pas à la guerre, mais en « missions » auréolées de mystère. La guerre d’Angola semble vraiment être une pierre angulaire de la littérature cubaine, elle est également très présente dans l’œuvre de Leonardo Padura. Tous les flash-backs sont vraiment instructifs sur le système cubain, vus bien sûr à travers les yeux d’un enfant.
Je suis plus réservée en ce qui concerne les chapitres où Ernesto est adulte. Le personnage, englué dans ses souvenirs, m’a touchée, tout comme sa propension, en refusant de devenir père, à ne pas vouloir sortir du statut de fils. On tourne beaucoup en rond dans ces chapitres « adulte », l’intrigue met très longtemps à avancer. Au début, j’ai apprécié que l’auteure prenne son temps, qu’elle ne cherche pas à être efficace, car ainsi on apprend vraiment à connaître Ernesto, on est présent à ses côtés… Le rythme lent est également en adéquation avec le fait qu’Ernesto ne sache pas vraiment quoi faire de sa vie, qu’il n’ait pas réellement de but. Mais l’auteure fait beaucoup de répétitions, on revient souvent sur les mêmes lieux, les mêmes sujets, j’ai eu l’impression de lire et relire plusieurs fois les mêmes passages. Alors, certes, ceci est symptomatique de l’obsession d’Ernesto, qui tourne en boucle sur les mêmes thèmes, mais à la longue, j’ai eu le sentiment de m’embourber dans le récit , et je me suis un peu ennuyée.
Malheureusement j’ai trouvé la fin ratée, je l’ai sentie venir à des kilomètres, et elle ne m’a pas du tout convaincue, trop facile et n’apportant rien au récit : le deuil impossible et l’obsession d’Ernesto, ainsi que les souvenirs d’enfance, suffisaient amplement, sans avoir besoin d’en rajouter avec une révélation portant de gros sabots.
« Le Fils du Héros » de Karla Suarez m’a donc laissé une impression mitigée. J’ai des bémols assez importants concernant ce récit, ce qui ne m’empêche pourtant pas d’avoir une certaine tendresse pour ce roman : le personnage d’Ernesto m’a quand même beaucoup plu, tout comme l’ambiance de l’enfance cubaine du narrateur. J’ai trouvé ce livre bancal, mais il m’a assez touchée pour que j’aie envie de découvrir d’autres livres de l’auteure, et pourquoi pas d’aller l’écouter dans l’un des débats auxquels elle participera au Festival America.
Publié en Août 2017 chez Métailié, traduit par François Gaudry, 272 pages.
Je passe pour ce titre, mais… tu as raison: il y a également des auteurs cubains!
Vivement la fin du mois et hop le festival!
oui, j’ai également repéré Wendy Guerra, mais pas encore eu le temps de lire un de ses livres! hâte de te voir !
Quel dommage ! Il m’avait tentée, à sa sortie. Mais aucun regret à avoir, visiblement…
il a quand même de bons côtés, et c’est une lecture plaisante, mais oui, quand même pas mal de bémols…
J’ai écouté l’auteure à la fête du livre de Bron en début d’année, mais je n’ai encore rien lu d’elle… Je suis presque sûre que ce n’est pas pour moi.
je vais sans doute la voir au Festival America… étant allée à Cuba l’an dernier, j’ai une tendresse pour le pays et pour sa littérature !