Autre roman découvert à l’occasion du Festival America : « Le Poids de la Neige », de l’auteur québécois Christian Guay-Poliquin.
On ne sait pas vraiment où et quand le roman se déroule – l’intrigue prend place dans un petit village de montagne, avec deux personnages principaux. Il y a un jeune homme, originaire de ce village, qu’il avait quitté il y a de nombreuses années, et victime d’un accident de voiture en y retournant. Et un homme âgé, Matthias, qui vient d’une autre ville, et qui a été bloqué dans le village par la neige. Celui-ci n’espère qu’une chose : pouvoir quitter le village pour retrouver son épouse. Matthias accepte d’héberger le jeune homme, gravement blessé aux jambes, et de s’en occuper en échange d’une évacuation dès que la météo le permettra.
L’ambiance est oppressante, on n’est pas loin du roman post-apocalyptique. Le village est isolé, les routes sont coupées, il n’y a pas de communication avec l’extérieur, Matthias n’a pas de nouvelles de sa femme, de sa voisine…et les ressources alimentaires et énergétiques se raréfient, avec en plus une panne d’électricité. Le jeune homme ne pouvant pas se déplacer à cause de ses blessures, le livre est quasiment un huis clos, l’intrigue étant concentrée dans la maison qu’il partage avec Matthias. Il y a d’autres personnages, les villageois, à la marge du récit, tous portent un prénom qui commence par un J sauf Maria, l’infirmière, une femme dont le jeune homme était amoureux quand il était plus jeune. Cette tradition entretient le mystère, en effet on ne sait pas vraiment quelle est l’histoire de ce village, et quelles sont les intentions des villageois, tout comme on ne sait pas si la neige est la seule cause de cet isolement ou s’il y a d’autres problèmes.
Le danger plane, la tension monte, notamment entre Matthias et le jeune homme : la promiscuité et l’espoir de quitter le village qui s’amenuise tendent la relation entre les deux colocataires de fortune. L’auteur a une plume efficace et sait créer de la tension, des ambiances mystérieuses et inquiétantes. On se sent oppressé, enfermé avec les protagonistes dans cette maison très bien décrite, qu’il n’est pas difficile d’imaginer, et cette tension génère des attentes : j’avais hâte d’arriver à l’acmé du roman.
Pendant tout le livre, j’ai donc attendu un rebondissement -un affrontement, une intrusion, une révélation, l’arrivée des zombies…- qui ne s’est cependant jamais produit… »Le Poids de la Neige » tient plutôt du roman psychologique, mais tout en subtilité. Un peu trop de subtilité d’ailleurs, j’ai lu ce livre avec plaisir, enchaînant des chapitres courts, mais en m’ennuyant un peu. J’ai donc fini ce roman un peu frustrée, séduite par l’écriture de Christian Guay-Poliquin et par l’ambiance créée, mais déçue que le récit ne décolle pas vraiment.
« Le Poids de la Neige » de Christian Guay-Poliquin est un livre qui sort de l’ordinaire, par son ambiance, par sa lenteur, par son mystère. Ceux qui attendent des rebondissements et des explications risquent d’être un peu déçus, et d’éprouver un vague ennui, mais c’est néanmoins un roman qui gagne à être connu, surtout si on le lit l’hiver au coin du feu!
Publié en Janvier 2018 aux éditions de l’Observatoire, 256 pages.
Je le garde comme tu le conseilles pour l’hiver ????
Oups ce n’était pas des points d’interrogation !
oui, je pense que c’est mieux!
haha oui c’est la mode des zombies…lol…en tout cas tout un livre fascinant didonc….oui connaissant le Quebec, cela se peut….et cela donne envie de le lire…;)
ravie que mon billet t’ait donné envie de le lire…j’ai des bémols mais ça reste un livre à découvrir
Je peux comprendre tes bémols. Une fois de plus, on s’oppose ici dans notre ressenti! (Le Dan Chaon a toutefois fait notre unanimité!) J’ai trouvé le tout extrêmement maîtrisé. Et comme c’est une roman d’atmosphère, le manque de péripéties peut se justifier… Meilleure chance la prochaine fois!
on a quand même pas mal d’avis en commun ! l’atmosphère et le psychologique sont très maîtrisés dans ce roman, mais il m’a manqué quelque chose pour être complètement ferrée…
A te lire, je me dis que s’il ne se passe rien – je n’ai pas accroché à Bondrée, que j’avais d’ailleurs abandonné (roman québécois, supposément oppressant) et moi je m’ennuyais .. à croire qu’ils nous faut un « truc en plus » ? Je pense à Blair Witch Project – film où il ne se passe rien et pourtant plein de gens l’avaient vu et eu peur, et moi je m’étais endormie trois fois (un record) dans cette salle de cinéma, réveillée par la copine qui se marrait … bref, je m’égare mais ton billet me dit que je peux passer mon chemin. Je lis le Chaon et pour l’instant j’aime bien, mais pas encore de coup de coeur… mais je sors d’un énorme coup de coeur, du coup…
en revanche, j’ai bien aimé Bondrée ! C’est peut-être l’effet séries, on a l’habitude de rebondissements, de cliffhangers?
Ben moi, j’ai bien aimé « Bondrée » aussi. C’est peut-être une question d’affinités culturelles?!!!
et je vais lire le nouveau roman d’Andrée Michaud : il est sélectionné pour le Prix ELLE Octobre ! 🙂
Bonjour ! comme je l’écrivais chez Titine, ce roman m’attire beaucoup… Brrr!
j’espère qu’il te plaira !
Bonjour Eva, je me décide…
J’avais beaucoup apprécié ce roman, son atmosphère particulière ( je ne suis pourtant pas fan de post apocalyptique ). Je n’attendais pas de rebondissement, suivant le passage du temps, ce qui a m’a évité la déception. Le premier roman de l’auteur m’attend, un rose movie, là, j’avoue, je crains plus de ne pas accrocher.
Bonjour Marilyne, merci pour ton message ! ravie que tu aies apprécié ce roman, je crains de l’avoir mal appréhendé, attendant une vraie intrigue et des rebondissements,alors que tout se passe au niveau ambiance et au niveau psychologique… tu me diras si le premier roman t’a plu!