Même si je ne les ai pas tous chroniqués sur le blog, j’ai lu tous les livres de Julia Kerninon, et j’étais ravie de la retrouver avec un nouveau roman, « Ma Dévotion » après son récit autobiographique « Une activité respectable ».

Helen et Frank, deux personnes âgées, se croisent par hasard à Londres. On comprend qu’ils ont longtemps été très proches mais qu’un événement les a séparés, un événement assez grave pour qu’ils ne soient pas vus depuis plusieurs décennies. Helen va nous raconter leur histoire – ou plutôt raconter à Frank leur histoire, puisque la narration est à la deuxième personne du singulier : ils se sont rencontrés à l’adolescence, en Italie, pays où leurs deux pères étaient diplomates, et sont rapidement devenus très proches, jusqu’à partir vivre ensemble à Amsterdam. Là, chacun finira par trouver sa voie, Helen dans l’écriture et l’édition, et Frank dans la peinture…

Julia Kerninon a vraiment une très belle plume, et un grand talent créatif : j’ai lu les trois quarts du roman avec bonheur, je pensais même tenir un coup de cœur ! Elle crée des personnages, des situations de toute pièce, et j’avoue que – et ceci pour ses trois romans – même si une petite voix dans ma tête se demande où elle va chercher tout ça, et pourquoi, et qu’il y a toujours ce petit sentiment d’artificialité qui me dérange de façon diffuse, j’accepte avec grand plaisir ce qu’elle propose.

Et dans « Ma dévotion », j’ai particulièrement aimé la finesse et la sensibilité avec laquelle est racontée cette relation entre Frank et Helen : une relation complexe, amoureuse, puis amicale, avec également un angle professionnel et partenarial. Une relation faite aussi de non-dits, d’attente, de non-réciprocité et de déceptions, que j’ai trouvée vraiment bien décrite. On s’attache à Helen, cette femme discrète qui ne peut pas se détacher de ce qui la lie à Frank, même si elle vit loin de lui, même si elle est avec quelqu’un d’autre.

Le récit est également porté par un suspense : qu’a-t-il bien pu se passer pour qu’Helen et Frank, si proches, en arrivent à ne plus se voir pendant des décennies? Malheureusement, je n’ai pas du tout accroché à ce pan de l’histoire, raconté dans le dernier quart du livre, qui se déroule dans la campagne normande: le récit, qui jusque là était très fin, devient lourd, à la limite du gros sabots, et Helen, qui était un personnage attachant, devient extrêmement mesquine…

Dommage, cette fin que j’ai trouvée ratée m’a gâché mon coup de cœur...Julia Kerninon reste néanmoins une auteure à découvrir si vous ne l’avez pas encore lue. Quant à moi, je la retrouverai avec plaisir pour son prochain roman, car j’aime beaucoup sa plume, et j’ai quand même lu une grande partie de  « Ma Dévotion » avec délice.

Publié en Août 2018 aux éditions du Rouergue, 304 pages.

Retrouvez ce livre à l’affiche de l’émission d’Octobre 2018 du podcast littéraire Bibliomaniacs!

12e lecture de la Rentrée Littéraire de Septembre 2018.

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