« Tangerine », premier roman de Christine Mangan, me semblait vraiment intrigant : deux jeunes femmes se retrouvent à Tanger en 1956. Alice y a suivi l’homme qu’elle a épousé depuis peu, John. Un jour, Lucy frappe à leur porte : Alice et elle étaient roomates à l’université de Bennington, des amies inséparables… pourtant cela fait plus d’un an qu’elles ne se sont pas vues ou parlé, depuis un certain accident qui semble créer un malaise entre elles…
J’ai trouvé l’ambiance de ce roman très réussie, avec le contraste entre le huis clos de l’appartement et son atmosphère d’enfermement, et la lumière aveuglante du soleil marocain. J’ai lu « Tangerine » très rapidement, car l’alternance de narration entre Lucy et Alice et de période entre Tanger en 56 et Bennington un an avant rend la lecture très fluide, même si j’ai regretté qu’il n’y ait pas grande différence entre la voix de Lucy et celle d’Alice. Le suspense – quel est cet accident mentionné très rapidement? que veut réellement Lucy? – a également tenu mon attention éveillée jusqu’à la fin du livre.
Ceci dit, j’ai trouvé que l’intrigue manquait d’originalité : pendant toute ma lecture, j’ai songé au Talentueux Mr Ripley avec lequel ce livre présente des similitudes… je pensais vraiment que les personnages feraient preuve de plus d’ambiguïté, de faux-semblants, qu’il y aurait une surprise, un rebondissement final, un « arroseur arrosé »…mais non, et cela m’a déçue. Et j’ai été gênée par ce qui m’a semblé être des incohérences : si Alice a de tels soupçons sur Lucy, pourquoi l’accueillir et la laisser s’installer dans l’appartement au lieu de lui fermer la porte au nez?
Il y avait pourtant du potentiel dans « Tangerine »: la ville de Tanger, une amitié féminine toxique qui aurait pu être beaucoup plus travaillée, des personnages secondaires troubles, Youssef et John, qui auraient pu être mieux exploités… j’ai entendu dire que le roman allait être adapté au cinéma, et cela pourrait donner un excellent film mais ce roman de Christine Mangan qui aurait pu tant me plaire m’a laissé un goût d’inachevé …
Publié chez HarperCollins en Mai 2019, traduit par Laure Manceau, 294 pages.
Je suis entièrement d’accord avec toi, tout a été trop simple, finalement, pour Lucy, et Youssef est vraiment sous-exploité, alors que c’était un personnage très intéressant.
oui, c’est dommage, un roman qui a autant de potentiel et qui manque finalement d’ambition…
roommates colocataires
twist rebondissement
En plus du plaisir de lire tes excellentes critiques j’enrichis mon anglais.
Que penses-tu du bandeau de couverture ? Donna Tartt + Gillian Flynn + Patricia Highsmith + Alfred Hitchcock + Joyce Carol Oates !! N’en jetez plus !
Tout ce gloubi boulga censé donner envie de lire ce livre aurait plutôt l’effet inverse sur moi.
Suite à ton article sur « Né d’aucune femme » de Franck Bouysse j’ai lu « Grossir le ciel » et ai été très déçu ! J’attendais beaucoup de cet auteur mais ai trouvé son écriture laborieuse, son histoire tarabiscotée et pas très compréhensible, son style artificiel avec de poussives envolées lyriques ; quant aux dialogues ! Malheur ! Quelle indigence !
J’étais attiré par son ambiance de désolation dans des contrées abandonnées et reculées à l’image des « Hauts de Hurlevent » mais là non, je n’ai pas accroché !
c’est toujours un plaisir de lire un commentaire de toi, Arto ! j’ai hésité à utiliser le mot colocataires, mais j’ai choisi roomates (en italique) parce qu’il exprime une nuance qui n’existe pas en français : elles partagent la même chambre et pas juste le même appartement…
je souris souvent devant les bandeaux des romans, certains sont tellement ambitieux qu’on ne peut qu’être déçu en lisant le livre… surtout que je n’ai retrouvé ni Donna Tartt ni Gillian Flynn dans l’histoire ou les personnages…Patricia Highsmith, en effet, car le livre m’a fait penser au Talentueux Mr Ripley…
aïe pour Grossir le Ciel… je ne l’ai pas lu, mais suite aux commentaires sur l’article de Né d’aucune femme, j’étais tentée…me voilà prévenue !
tiens, suite à ton conseil, j’ai offert un Hervé le Corre à mon père : Après la Guerre 🙂
J’espère qu’il ne sera pas déçu.
J’aimerais avoir ton avis sur ce livre et également sur « Ma reine » de Jean-Baptiste Andrea, si jamais tu trouves le temps de les lire !
la dernière fois qu’on en a parlé, il avait bien avancé dans le récit et ça lui plaisait beaucoup…
tiens, c’est drôle, j’ai rencontré l’éditrice de Ma Reine ce matin (Lola Nicolle, qui publiera son 1er roman aux Escales fin Août) – a priori il sort un nouveau roman chez L’Iconoclaste !
Ah tu n’es pas aussi enthousiaste que la bandeau racoleur 😉 Je pense que je vais passer !
oui c’est un sacré bandeau 😀