Après « Dans l’Ombre » et « La Femme de l’Ombre », il était temps de lire « Passages des Ombres », le dernier volume de la Trilogie des Ombres d’Arnaldur Indridason.
Dans les années 2000, le cadavre d’un vieil homme est retrouvé à son domicile. Il semble être mort dans son sommeil, mais l’autopsie révèle qu’il a été étouffé…les enquêteurs, dont Konrad (que l’on retrouve dans « Ce que savait la nuit », trouvent à son domicile tout un dossier sur un crime ayant eu lieu en 1944. Le corps d’une jeune femme nommée Rosamunda avait été découvert par une jeune fille islandaise et son petit ami soldat américain…
Le récit alterne entre l’enquête de Konrad pour découvrir le lien entre l’homme assassiné et cette vieille affaire, et l’identité de son meurtrier, et celle de Thorson et Flovent, soixante ans plus tôt, qui recherchent celui qui a tué Rosamunda… Konrad a un lien personnel avec ce dossier : son père était en effet un escroc qui avait monté une combine avec un faux médium. Ce médium avait reçu en consultation les parents adoptifs de Rosamunda qui cherchaient à entrer en contact avec leur fille…
J’ai trouvé ce roman particulièrement réussi. Arnaldur Indridason retrouve ici un schéma qu’il maîtrise parfaitement : une enquête actuelle qui fait écho à un cold case, le tout lié à un drame personnel (ici, l’enfance difficile de Konrad aux côtés de son père).
Le thème transverse à ce roman est la violence faite aux femmes, que ce soit de la violence physique et/ou sexuelle ou bien de la violence psychologique : parmi les jeunes filles qui fréquentaient des soldats américains, beaucoup se sont vues promettre le mariage pour découvrir par la suite que leur petit ami était en fait déjà marié et père de famille aux Etats-Unis…et je trouve qu’Arnaldur Indridason sait rendre touchants et attachants ses personnages féminins (comme la jeune fille du bateau dans « La Femme de l’Ombre ») même lorsque, comme pour Rosamunda et Hrund, elles n’apparaissent qu’en filigrane puisqu’elles sont ou mortes ou disparues.
Les deux enquêtes – l’actuelle et celle de 1944 – sont toutes les deux très bien menées, et on en découvre enfin plus sur Flovent et Thorson, qui prennent dans ce tome beaucoup plus d’ampleur. Le roman est passionnant, je l’ai d’ailleurs lu d’une traite, et j’ai trouvé qu’il était nettement meilleur que les deux premiers tomes.
Arnaldur Indridason a su boucler cette trilogie avec brio, avec un excellent roman, tant sur le plan de l’histoire que de l’incarnation des personnages. Une réussite !
Publié en 2018 chez Métailié, traduit par Eric Boury, 304 pages, disponible en poche chez Points.
J’ai beaucoup aimé alors que les 2ers volumes ne me tentaient pas du tout.
du coup tu les as quand même lus?