« Papa Graine », écrit à six mains par Isabelle Maltese, Audrey Hervé et Guillaume Chérel, est un récit qui s’inscrit en plein dans l’actualité marquée par les débats sur la PMA pour toutes – même si dans cette histoire, il s’agit plutôt d’une PAA – procréation amicalement assistée.
Anabelle et Pinky, en couple depuis quelques années, souhaitent avoir un enfant. Elles sont réticentes à s’adresser à une banque de sperme à l’étranger, car l’idée d’un donneur anonyme leur déplaît : elles trouvent important que leur futur enfant sache qui est son géniteur et connaisse son histoire. Elles cherchent donc dans leur entourage qui pourrait être le « Papa Graine ». Jérôme, un ami de longue date d’Anabelle, hétérosexuel et déjà père d’une adolescente, propose ses services sur un coup de tête. Finalement, après tergiversations et réflexion, il accepte de donner son sperme à Anabelle et Pinky…
Les voix de Jérôme, Anabelle et Pinky alternent pour raconter cette aventure, de la conception artisanale (avec une pipette de Doliprane!) à la grossesse, puis aux premières années de la petite Alice… L’enfant étant née en 2011, donc avant la loi sur le Mariage pour Tous, son deuxième parent n’a pas d’existence légale durant les premières années de sa vie: si Pinky est sa mère biologique, Anabelle n’est pas reconnue comme parent, et n’a donc aucun droit sur l’enfant qu’elle élève au quotidien. Ce vide juridique entraîne tensions et inquiétudes, car Jérôme pourrait, s’il le souhaitait, reconnaître Alice et obtenir les droits qui sont refusés à Anabelle. La loi sur le Mariage pour Tous va cependant permettre au couple de se marier, et à Anabelle d’adopter Alice et donc d’obtenir la reconnaissance légale de son statut de deuxième parent.
Derrière cette très belle couverture se cache un récit plein de fraîcheur et de sincérité, très accessible et facile à lire. Si l’histoire – vraie – est positive et contée avec un ton plutôt humoristique, elle met bien en avant les difficultés à trouver sa place lorsque la Loi ne le prévoit pas et que tout repose sur un contrat moral. Mais elle montre surtout que l’amour et la communication permettent de surmonter ces difficultés et de fonder un foyer en toute « normalité ».
Un beau récit qui, je l’espère, fera évoluer les mentalités !
Publié en Octobre 2019 chez Anne Carrière, 243 pages.
13e lecture de la Rentrée Littéraire de Septembre 2019.
