« Le Bal des Folles » est le premier roman de Victoria Mas, qui vient de recevoir le Prix Renaudot des Lycéens 2019. Je l’ai lu dans le cadre de l’émission de Bibliomaniacs de Décembre 2019 que nous avons enregistrée en compagnie de Claire Berest (l’auteure de Rien n’est Noir et co-auteure de Gabriële)
L’histoire nous entraîne à la Salpêtrière, à la fin du XIXe siècle, chez les femmes internées. Charcot est le médecin-chef et organise des séances publiques où il fait des expériences d’hypnose avec certaines patientes dont la jeune Louise, tandis que l’infirmière Geneviève, une femme d’un certain âge, s’occupe des patientes. En parallèle, Eugénie, une jeune fille de bonne famille, a le don de voir les âmes des morts – un don qu’elle cache soigneusement mais que son père finit par découvrir. Celui-ci décide de se débarrasser de cette fille hors-norme en l’internant de force…
« Le Bal des Folles » est un livre très accessible et accrocheur, et je l’ai vu vite et avec plaisir. Le thème est malheureusement toujours d’actualité, puisqu’il s’agit de violences faites aux femmes, celles qui dérangent. Parmi les patientes qui nous sont présentées, finalement peu de véritables folles : Thérèse est une ancienne prostituée, Louise a été traumatisée par le viol dont elle a été victime. Si Charcot et son équipe tentent vraiment de soigner celles qu’ils qualifient « d’hystériques », Victoria Mas rappelle les conditions honteuses dans lesquelles les patientes ont vécu dans le passé, et les violences qu’elles ont pu subir, notamment lors de la Révolution. Au moment où se déroule l’histoire, l’hôpital est vu par certaines patientes comme un refuge, l’une d’elles affirme même qu’elle refuserait de sortir si elle en avait la possibilité, car elle s’y sent en sécurité, entre femmes, loin de la violence des hommes.
Si j’ai trouvé cette lecture plaisante et instructive, j’ai quand même des bémols. J’ai eu du mal à comprendre pourquoi l’auteure avait choisi comme personnage principal une jeune femme qui a un don pour voir les morts – même si le spiritisme était effectivement à la mode à l’époque, ce n’était pas vraiment le profil type de l’internée … peut-être était-ce pour montrer que les femmes étaient victimes de la violence et du patriarcat dans tous les milieux, même les plus aisés? ou parce que ce genre de don la fascine et qu’elle a voulu également traiter ce thème dans ce roman sur la Salpêtrière? En tout cas, ce choix m’a laissé perplexe.
Le titre du roman est « Le Bal des Folles » et effectivement, cet événement annuel, qui a réellement existé, où le Tout-Paris venait faire la fête en compagnie des internées déguisées, est le fil conducteur du livre – l’hôpital étant en effervescence à l’approche de cette grande soirée. Je m’attendais donc à ce que cet événement soit l’acmé du livre, et j’ai été déçue du traitement qu’en a fait Victoria Mas : j’ai trouvé que la fête était sous-exploitée, que la scène n’était pas aussi décrite, aussi flamboyante qu’elle aurait pu l’être et qu’elle était en deçà du reste du roman.
« Le Bal des Folles » de Victoria Mas est un premier roman au thème très bien choisi, et qui me laisse un bon souvenir de lecture mais qui souffre cependant de quelques faiblesses… rendez-vous pour le second roman car je suis curieuse de découvrir ce que proposera l’auteure.
Publié en Août 2019 chez Albin Michel, 256 pages.
24e lecture de la Rentrée Littéraire de Septembre 2019.
Retrouvez ce livre à l’affiche de l’émission de Décembre 2019 du podcast littéraire Bibliomaniacs avec Claire Berest ici.
Sans doute le 1er roman dont a le plus parlé depuis la rentrée mais il ne m’attire pas du tout.
oui on le voit partout ! pas ton genre, je pense
Pas du tout attirée par ce roman alors que le thème est tout à fait intéressant.
c’est peut-être à force de le voir partout?
Il sera offert à mon père par le Père Noël. Je pourrai le découvrir ensuite du coup 🙂
moi aussi j’emprunte à Noël ^^
le sujet m’intéressait mais je retrouve chez toi les mêmes bémols lus chez les autres et du coup, je passe mon chemin !
oui il y a du bon et du moins bon dans ce roman, et je ne suis pas sûre qu’il est pour toi
Même gêne pour moi dans le choix des deux thèmes entrelacés, le spiritisme était effectivement à la mode, mesmérisme…, est-ce parce que ce roman est assez court que chaque sujet est traité superficiellement ? Par comparaison le roman anglais La salle de bal de Anna Hope m’a plu davantage.
c’est vrai que c’est un roman qui aurait pu facilement compter le double de pages !
Bon, ce n’est pas le premier avis mitigé que je lis, mais je vais écouter l’émission pour me faire une idée à partir de tous vos avis 😉
bonne écoute 🙂