C’est en cherchant des cadeaux de Noël pour mon père que j’ai découvert « L’Aube à Birkenau », un livre de David Teboul, avec photos, mêlant entretiens du journaliste avec Simone Veil, et échanges entre celle-ci et sa sœur Denise (déportée également mais sous un faux nom et en tant que résistante, dans un autre camp), ou ses amis Marceline Loridan-Ivens et Paul Schaffer, connus respectivement à Birkenau et à Bobrek.
Cet ouvrage s’adresse autant à ceux qui connaissent déjà bien Simone Veil (via son récit autobiographique « Une Vie » par exemple) qu’à des personnes qui voudraient la découvrir. S’il évoque également son parcours politique, le livre se concentre plus particulièrement sur sa déportation, en compagnie de sa mère et d’une de ses sœurs, Milou, et sur leur « chance » (c’est le mot qu’elle emploie) d’être toutes les trois et de pouvoir se soutenir.
Simone Veil raconte la violence, l’horreur, mais aussi la solidarité et les gestes inexpliqués qui lui ont sauvé la vie – une kapo qui avait la réputation d’être ignoble l’a transférée, avec sa mère et sa sœur, dans un autre camp moins dangereux pour elle, puis l’a affectée aux cuisines.
Elle évoque également l’impossibilité de représenter la déportation dans la fiction, ou de l’imaginer si on ne l’a pas vécue, notamment lorsque l’on a l’occasion de visiter des camps – ce qu’elle a vécu n’a rien à voir avec ces bâtiments proprets et ces pelouses bien tondues, il n’y a pas les cris, les odeurs, la faim, la soif, la peur de mourir, les morts partout.
Simone Veil parle aussi de son difficile retour, de l’incompréhension de l’entourage, de leur décalage…un fait que j’ignorais avant de le lire dans « Les Inséparables, Simone Veil et ses sœurs » de Dominique Missika (un ouvrage lu dans le cadre du Prix ELLE 2019, qui ne m’avait pas vraiment convaincue, mais qui soulignait cet aspect) ou encore dans « Mikado d’Enfance » de Gilles Rozier, est que pendant longtemps on ne parlait que de la déportation des Résistants et très peu de celle des Juifs.
Simone Veil se remémore également l’éducation, l’amour et la force que sa mère lui a donnés : sa mère est son plus grand exemple, l’objet de son admiration, et on sent que les grandes décisions prises par Simone Veil – faire des études en intégrant Science Po, devenir magistrate, s’engager en politique … – sont un hommage à sa mère.
Une partie du livre est consacrée à son amitié indéfectible Marceline Loridan-Ivens dont j’ai tant aimé « Et tu n’es pas revenu », qu’elle a rencontrée dans les camps alors qu’elles étaient les plus jeunes déportées – seize ans pour Marceline et dix-sept ans pour Simone. Il y a d’ailleurs quelques photos aussi drôles que touchantes où l’on voit les deux octogénaires, assises sur le même lit, fumer ensemble – une cigarette pour Simone Veil et un joint pour Marceline Loridan-Ivens !
Des mots durs, forts, mais aussi très beaux lorsque Simone Veil évoque sa mère, qui mourra en déportation. Une femme de valeurs et de convictions, qui force le respect. Un livre indispensable !
Publié en Novembre 2019 aux éditions Les Arènes, 300 pages.
Depuis le temps que je veux lire Simone Veil !
ce livre est une bonne introduction ! Une Vie, son autobiographie est également très intéressant