« J’ai un tel désir » de Françoise Cloarec nous conte l’histoire d’amour extraordinaire entre deux femmes extraordinaires : Marie Laurencin et Nicole Groult.
Marie Laurencin est née en 1883 : enfant illégitime, elle a une relation fusionnelle avec sa mère, avec qui elle vivra jusqu’à la mort de celle-ci. Elle devient très jeune une peintre reconnue et fréquente la bande du Bateau-Lavoir, dont Picasso qui lui présente Apollinaire avec qui elle sera en couple durant cinq ans. En 1911, elle rencontre André et Nicole Groult : c’est le début de quarante ans de relation entre les deux femmes, qui oscillera au fil du temps entre passion amoureuse et amitié très forte. Sœur de Paul Poiret, Nicole Groult était une femme d’affaires avisée, qui avait sa propre maison de couture et un magasin de meubles anciens avec son mari, et était une féministe avant l’heure, comme le serait ses deux filles Benoite et Flora.
« J’ai un tel désir » est un récit accessible et plaisant à lire, avec une thématique vraiment intéressante : une histoire d’amour entre deux femmes modernes, qui ont chacune dans leur domaine connu un grand succès. Les personnages que l’on croise dans ce livre, amis ou amants des deux femmes, sont les artistes les plus connus de leur époque, et leur relation sera également marquée par l’Histoire – les deux guerres mondiales les sépareront, la première, physiquement – Marie Laurencin a épousé un Allemand, et sera en exil durant quatre ans en Espagne- la deuxième, idéologiquement.
Mais si j’ai passé un bon moment de lecture, je suis restée un peu sur ma faim : l’auteure a choisi de raconter cette histoire à travers l’angle de la vie de Marie Laurencin, or je n’ai pas trouvé cette femme attachante. J’ai été beaucoup plus séduite par le personnage de Nicole Groult, dont la force de caractère transparaît dans le récit, mais celle-ci est donc plus en retrait et même absente d’une grande partie du récit puisque le premier tiers est consacré à la jeunesse de la peintre, quand elles ne se connaissaient pas encore -suivi d’une partie importante qui se déroule en Espagne, donc sans Nicole. Soixante-dix-ans de la vie de Marie Laurencin sont racontés en 300 pages, ce qui donne un effet survolé, inachevé. « J’ai un tel désir » ne sera pas une lecture inoubliable mais cela m’a donné envie d’en savoir plus sur la vie de Nicole Groult, dont je ne savais rien jusque là.
Publié en 2018 chez Stock, 300 pages.
Tu peux lire la BD de catel sur Benoite groult, où apparaît (mais pas beaucoup) sa mère
oui j’ai prévu de la lire !