Premier roman de Guy Gunaratne, « Au Rythme de notre Colère » nous emmène dans une cité de Londres, alors que la tension monte et la menace plane suite à la mort d’un soldat en permission, tué par un jeune noir.
L’histoire se déroule sur une période de 48 heures et est racontée de façon polyphonique par cinq habitants de la cité : trois jeunes hommes, qui sont amis et d’origines diverses – Seldon, Ardan et Yusuf – et deux personnages plus âgés, Caroline et Nelson. Caroline et Nelson sont marqués par des conflits qu’ils ont vécus lorsqu’ils étaient plus jeunes. Caroline, lorsqu’elle vivait encore en Irlande, s’est trouvée mêlée sans le vouloir à une histoire de représailles entre des membres de sa famille, impliqués dans l’IRA, et des soldats. Nelson, qui est né dans les Caraïbes, est arrivé en Angleterre dans les années 50 et a été confronté à des mouvements racistes. Quant aux jeunes, ils jonglent entre leurs problèmes familiaux – parents morts, malades ou défaillants – et leurs aspirations : Seldon est un jeune homme sportif, déterminé et respecté, tandis que le timide Ardan cache un vrai talent pour l’écriture et le rap. Yusuf est quant à lui le fils de l’imam du quartier, décédé récemment : depuis la mort de son père, l’intégrisme religieux a augmenté et une bande de jeunes Musulmans fait pression sur lui pour qu’il les rejoigne. Cette situation inquiète Yusuf, qui se fait également du souci pour son frère Irfan, qu’il sent très perturbé.
J’ai eu du mal à entrer dans ce récit car il m’était, au début, difficile d’identifier les différents personnages et les liens entre eux, et de me faire à la langue utilisée – beaucoup d’argots ou d’expressions populaires, voire même broken english pour Nelson. Mais après un petit temps d’adaptation, j’ai fini par apprécier cette tranche de vie et par m’attacher aux personnages, coincés entre la violence et l’extrémisme – et l’auteur nous montre que quelle que soit l’origine des protagonistes, cela a toujours existé, et que l’histoire se répète, elle prend juste d’autres formes.
« Au Rythme de notre Colère » est un roman qui me change de mes lectures habituelles et si c’est un ouvrage qui m’a plu, je suis quand même restée un peu sur ma faim, en ayant du mal à mettre des mots sur cette petite frustration. Avec le recul je pense que c’est parce que c’est surtout l’histoire de Yusuf et de sa famille qui m’a intéressée, alors que finalement elle n’est qu’une partie de la fresque dépeinte par Guy Gunaratne au milieu d’autres trajectoires – celles d’Ardan et de Seldon – qui sont plus banales. Elle aurait à mes yeux mérité plus de pages, plus d’ampleur.
Pour un premier roman, « Au Rythme de notre Colère » sort néanmoins du lot, et la plume de Guy Gunaratne mérite attention. Je serais curieuse de retrouver pour un prochain ouvrage qui, je l’espère, sortira de la forme chorale pour se centrer sur une seule histoire.
Publié en Janvier 2020 chez Grasset, traduit par Laurent Trèves, 368 pages.
31e lecture de la Rentrée Littéraire de Janvier 2020.
c’est étrange car un livre listé pour un prix (Women’s Prize) présente un peu une histoire de tour et de ses habitants et d’un drame .. bref, je vois que tu as aimé mais avec quand même quelques bémols
à voir donc !
celui-ci a été sur la liste du Man Booker Prize!