« Le Rouge n’est plus une Couleur » est le premier roman de Rosie Price. Kate et Max se rencontrent à l’université, et deviennent rapidement très amis. Si Kate est issue d’un foyer modeste, Max vient d’un milieu fortuné et sa mère est une réalisatrice très connue. Kate est accueillie chaleureusement par la famille de Max jusqu’au jour où, lors d’une soirée, le cousin de Max, Lewis, l’entraîne dans une chambre et la viole.
Il y a beaucoup de choses que j’ai trouvées très intéressantes dans ce livre. Le thème du viol est compliqué à traiter dans la fiction, et Rosie Price s’en sort haut la main, explorant avec beaucoup de finesse la notion de consentement, le traumatisme, la difficulté d’en parler, la résilience, la réaction des proches, le déni du violeur… l’amitié entre deux personnes de classes sociales différentes est très bien traitée également, et j’ai apprécié que l’autrice utilise le fil conducteur du cinéma dans ce récit.
Pourtant, je n’ai pas été totalement convaincue par « Le Rouge n’est plus une Couleur », qui souffre à mes yeux de plusieurs faiblesses – mais il faut garder en tête que c’est un premier roman, d’une autrice qui a moins de 30 ans. L’écriture est plutôt classique, mais quelques tournures de phrase frôlent la vulgarité, ce qui est assez incongru (et la traduction n’est pas en cause, j’ai vérifié la VO). Mais ce qui m’a surtout gênée, c’est que l’intrigue s’éparpille au lieu d’être centrée sur Kate : on passe en effet beaucoup de temps avec la famille de Max, en prise avec des problèmes qui ont peu d’intérêt à mes yeux…et pour autant j’ai trouvé que le personnage de Max manquait d’incarnation, on en sait finalement très peu sur lui, l’autrice reste à la surface, alors qu’il a un rôle clé dans l’histoire. Cela donne par conséquent un côté bancal au récit.
« Le Rouge n’est plus une Couleur » m’a donc déroutée, dans le sens où j’ai trouvé que l’angle le plus complexe du roman était traité avec beaucoup de maîtrise et de pertinence, alors que d’autres aspects du récit l’étaient moins. C’est néanmoins un roman qui mérite le détour, et je serais très curieuse de lire le prochain livre de Rosie Price, une autrice qui semble très prometteuse.
Publié en Mars 2020 chez Grasset, traduit par Jakuta Alikavazovic , 416 pages.
37e lecture de la Rentrée Littéraire de Janvier 2020.
Je vais donc passer mon tour pour ce roman mais je garde en tête le nom de l’auteur ! Merci pour cette découverte !
mais je t’en prie !
Sur le même thème j’ai lu Anatomie d’un scandale, de Sarah Vaughan, qui se déroule en Angleterre, mêmes différences de niveau social des étudiants. J’avais apprécié l’analyse des réactions de la jeune femme, ses difficultés, et la description du sentiment d’impunité du violeur.
lu aussi et chroniqué sur le blog 🙂
oui tout un sujet dangeureux et fort…trop fort pour moi….
pas du tout évident en effet…
Déjà dans ma PAL. La façon d’aborder le thème du viol me tentait assez quand j’en ai entendu parler. Je verrais bien.
hâte de connaître ton avis !