J’ai découvert il y a environ un an les éditions de l’Antilope, dont je suis désormais très attentivement les parutions. « Beyrouth entre Parenthèses » est un roman d’inspiration autobiographique écrit par Sabyl Ghoussoub, qui avait déjà publié son premier livre, « Le Nez Juif » dans la même maison.
Sabyl est un artiste né à Paris dans une famille libanaise très politisée, et notamment sur le sujet de la Palestine. Il décide de se rendre en Israël, sans en informer ses parents, pour y retrouver sa meilleure amie Rose qui s’y est installée. Ce voyage n’est potentiellement pas sans conséquence, car Sabyl est franco-libanais et le Liban interdit à ses ressortissants, même binationaux, de s’y rendre, sous peine de poursuites. Sabyl atterrit à l’aéroport Ben-Gourion où la sécurité israélienne le soumet à un interrogatoire de plusieurs heures, notamment sur ses origines libanaises et les liens forts qu’il entretient avec ce pays, sur ses œuvres artistiques (l’une d’elles est présentée dans le livre et met en scène des personnes de son entourage la tête enroulée dans un keffieh), ou encore son voyage en Iran…
J’ai lu avec beaucoup d’intérêt « Beyrouth entre Parenthèses », une première fois à sa sortie, et une deuxième fois juste avant le VLEEL avec l’auteur, organisé par Serial Lecteur Nyctalope, où je l’ai encore plus apprécié (la première fois j’avais été moins sensible à l’humour de l’auteur) – une lecture à laquelle le live avec l’auteur, passionnant, a apporté un éclairage particulier. Le livre ne se résume pas à l’interrogatoire, ubuesque et déstabilisant, mais assez surprenant également – celui-ci est également prétexte pour évoquer la famille de Sabyl, sa binationalité, sa trajectoire artistiques, ses voyages et pour comprendre comment l’enfant d’une famille libanaise pro-palestinienne se retrouve à visiter le « pays interdit ».
Une fois que Sabyl a enfin pu quitter l’aéroport, il rejoint son amie Rose, rencontre certains de ses amis, se balade dans le pays, limitrophe du Liban, que le narrateur aperçoit de la fenêtre de son hôtel. Des déambulations qui mettent en perspective l’absurdité d’un conflit politique, alors que les gens ont souvent une culture similaire et des points communs qui devraient les rapprocher… l’écriture de Sabyl Ghoussoub est pertinente, souvent ironique, parfois nostalgique – il ne s’est jamais senti aussi proche du Liban qu’en Israël. J’ai dévoré ce livre court (130 pages) mais extrêmement riche, et qui fait passer le lecteur par toutes les émotions – j’ai été particulièrement émue par la vidéo décrite par l’auteur, travail de l’artiste Dor Zlekha Levy , dont le protagoniste est un soldat israélien d’origine libanaise qui revient au Liban en 1982 quand Israël envahit le pays.
Un livre original, surprenant, percutant qui ne laisse pas le lecteur indifférent!
Publié en Août 2020 aux éditions de l’Antilope, 137 pages.
6e lecture de la Rentrée Littéraire de Septembre 2020.
je n’ai pas été très convaincue par Le Nez Juif mais j’ai envie d’essayer celui-ci.
je n’ai pas encore lu le Nez Juif, mais il est sur ma liste !
J’ai beaucoup aimé, même si je trouve que l’épisode à l’aéroport est trop long par rapport au reste.
je suis d’accord et je me souviens m’être fait cette réflexion durant ma lecture, même si j’ai zappé d’en parler dans le billet.
Il me tente beaucoup ! Merci pour la découverte !
j’espère qu’il te plaira !