« Trencadis » de Caroline Deyns nous raconte la vie passionnante de Niki de Saint-Phalle.
Née en 1930 d’un père français et d’une mère américaine, elle grandit à New York et épouse à l’âge de dix-huit ans un jeune poète, Harry Matthews, avec qui elle aura deux enfants. D’une grande beauté, elle est mannequin jusqu’à ce qu’elle soit victime d’une grande dépression, à l’âge de vingt-deux ans, jusqu’à être internée. A l’hôpital psychiatrique, elle subira des électrochocs. C’est dans cette période difficile qu’elle commence à peindre, et va trouver une voie pour exprimer sa créativité et tenter d’exorciser le traumatisme qui la dévore : elle a été violée à l’âge de onze ans par son propre père.
Elle quitte mari et enfants pour mener une vie de femme libre et artiste et entame une carrière qui sera marquée par des œuvres singulières, notamment les « Tirs » (elle tire à la carabine sur des poches de peinture), les « Nanas », la Fontaine Stravinsky à Châtelet, ou encore le Jardin des Tarots en Toscane. Elle et son deuxième mari, l’artiste suisse Jean Tingely, collaboreront également sur plusieurs projets artistiques.
La vie mouvementée de Niki de Saint-Phalle, avec ses traumatismes, ses épisodes dépressifs, ses œuvres fortes et inventives, son souffle créatif qui la sauvera du gouffre, est absolument passionnante, et si je connaissais certaines de ses œuvres et quelques éléments biographiques (notamment l’inceste) pour avoir lu un article sur elle il y a quelques années, j’ai été contente d’en savoir plus sur cette femme inspirante. Cependant, comme le titre du livre l’indique (un trencadis est un type de mosaïque catalane utilisé notamment dans le Parc Güell à Barcelone), cette biographie romancée est racontée sous la forme d’une mosaïque, la vie de Niki de Saint-Phalle nous étant racontée de façon déstructurée, notamment via des citations de l’artiste, ou encore des témoignages de personnes l’ayant croisée et ayant appréhendé l’une ou l’autre de ses facettes.
Certes, cette forme est inventive et originale, et je comprends que l’autrice ait voulu raconter la vie de Niki de Saint-Phalle à 360 degrés, cependant je n’ai accroché ni au style, ni à cette structure que j’ai trouvée hachée et à la limite de l’artificiel, et qui a donc nui à mon plaisir de lecture. J’avoue que j’aurais préféré une forme plus classique pour mieux appréhender la vie et l’œuvre de cette femme et artiste hors du commun.
J’ai vu de nombreuses chroniques très laudatives sur « Trencadis », qui a été un coup de cœur pour plusieurs blogueuses dont je suis les avis avec attention, donc ne vous privez surtout pas de le lire, mais pour moi c’est un rendez-vous manqué.
Publié en Août 2020 chez Quidam, 364 pages.
32e lecture de la Rentrée Littéraire de Septembre 2020