J’avais lu « Middlesex » de Jeffrey Eugenides à sa sortie, il y a une quinzaine d’années, et j’avais vraiment beaucoup aimé ce livre. Il n’est pas toujours évident de relire longtemps après, avec un regard d’adulte, un coup de cœur de jeunesse, mais j’ai bien fait de me replonger dans ce livre pour une émission de Bibliomaniacs, car cela a été un bis repetita !
« Middlesex » est un livre hybride, moitié saga familiale, moitié roman initiatique. Le personnage principal, Cal Stephanides, aujourd’hui âgé d’une quarantaine d’années et vivant à Berlin, est né Calliope aux Etats-Unis à la fin des années 50. Cal est un hermaphrodite mais cela n’a pas été détecté à la naissance, et il a été inscrit comme fille à l’état-civil et a eu une enfance parfaitement normale…jusqu’à la puberté.
Tout en s’intéressant au parcours de Cal, le récit retrace l’histoire des Stephanides sur trois générations, depuis les années 20, avec un frère et une sœur orphelins, Desdemona et Lefty, nés dans une famille grecque de Turquie, qui quittent Smyrne pour ne pas être tués par les Turcs dans le cadre de la guerre gréco-turque, et émigrent aux Etats-Unis, où ils s’installent à Detroit.
J’avais oublié une grande partie de ce que raconte « Middlesex », depuis le temps, (alors que bizarrement quelques phrases anodines m’étaient restées en mémoire) donc j’avais prévu de le feuilleter pour me le remémorer avant l’enregistrement de Bibliomaniacs, mais j’ai été happée par ce roman, que j’ai dévoré, alors qu’il compte près de 700 pages, car il se lit tout seul. Quel bonheur de lecture ! Le roman est riche, bourré de péripéties, on ne s’y ennuie jamais, et la plume de Jeffrey Eugenides est vive, subtile, pleine d’inventivité et d’humour. Si j’ai un peu moins aimé les chapitres consacrés à Cal adulte, j’ai adoré la saga familiale et la partie initiatique. Middlesex aborde de nombreux thèmes : inceste, hermaphrodisme, immigration, tensions raciales, vie de famille, premières amours, et dépeint l’évolution des Etats-Unis sur un demi-siècle, des années 20 à 70. Certains sujets pourraient être compliqués à traiter, mais l’auteur s’en sort admirablement bien, d’une façon à la fois très juste et décomplexée, sans jugement ni victimisation.
Un gros coup de cœur que je recommande chaudement !
Publié en 2004, traduit par Marc Cholodenko et publié chez L’Olivier et en poche chez Points, 656 pages.
A retrouver à l’affiche de l’épisode 116 du podcast littéraire Bibliomaniacs ici.
Tu me donnes envie de le rerelire !
oh oui!
Un très beau souvenir de lecture !
et il a vraiment bien vieilli!
Oui, quel livre !!! Inoubliable.
n’est-ce pas !
Tu parles tellement bien de ce roman que tu me donnes grande envie de le lire ! Moi aussi, je veux des » bonheurs de lectures » !…:-)
ah oui, il te plairait beaucoup ! je te le prêterai !
Tu as dû reconnaître sur la couverture le visage d’ Antinoös, dont tu as vu la magnifique statue au musée de Delphes et au British museum …ou ailleurs ! car Hadrien a « inondé » l’empire romain de statues de son petit ami mort à 19 ans – qu’il a divinisé – Très beau visage…
non, mais merci pour l’info ! 😀
Hello,
Je ne l’ai pas lu mais il est en bonne place dans ma liste a lire. Par contre il me semble que le mot hermaphrodite n’est pas utilisé pour les humains, on parle plutôt d’intersexe. Merci pour la revue en tout cas!
oui, tu as raison, j’ai vérifié et en effet c’est bien le terme intersexe qui doit être utilisé!